Mali : l’accord de réconciliation nationale se fait attendre
Les négociations ont repris depuis jeudi à Ouagadougou. Cela fait maintenant une semaine
que le chef de la diplomatie burkinabé Djibrill Bassolé tente de promouvoir un accord
entre les Touaregs du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), qui occupent
Kidal depuis fin janvier, et le pouvoir malien. Il est accompagné des diplomates de
la communauté internationale : ONU, Union Africaine, Union Européenne, entre autres.
Le MNLA a accepté l’accord dans sa totalité mercredi mais Bamako refuse pour l’instant
de signer.
Le président malien par intérim Dioncounda Traoré s’est opposé à
ce que les Touaregs restent armés jusqu’à l’installation des nouvelles autorités maliennes
désignées par l’élection présidentielle. Le protocole d’accord prévoit également l’annulation
des poursuites judiciaires contre des chefs rebelles, que Bamako refuse dans le cadre
de la lutte contre l’impunité. Enfin, les Touaregs du MNLA demandent à ce que le Kidal,
la région au nord du Mali, bénéficie de plus d’autonomie que ce que le gouvernement
malien est prêt à accepter.
Objectif : élection présidentielle du 28 juillet
La
position de la France sur ce sujet est ambiguë. Alors que son intervention armée «
Serval » était entre autres justifiée par la nécessité de maintenir l’unité du Mali,
c’est cette même intervention qui a permis aux Touaregs de prendre Kidal dans la foulée
de la fuite des groupes islamistes. Le ministre français de la défense Jean-Yves Le
Drian précise que : « A partir du moment où le MNLA déclarera - il semble qu'il le
fasse - qu'il n'est ni terroriste, ni scissionniste, et qu'il veut rentrer dans le
dialogue interne au Mali qu'il faut engager, il sera à la table ».
Cet accord,
qui doit permettre le regroupement des forces maliennes sur l’intégralité du territoire
et l’organisation de présidentielles, y compris à Kidal, devrait arriver « dans quelques
jours », espèrent les participants. Il doit arriver à temps pour que la présidentielle
malienne, prévue le 28 juillet, ait lieu dans tout le Mali. Pour le secrétaire général
de l’ONU Ban Ki Moon cet agenda est précipité. Cela ne laisse pas le temps d’organiser
les élections à Kidal matériel et responsables électoraux et les résultats, faussés,
n’assureront pas la réconciliation nationale. Au contraire, le président français
François Hollande a voulu hâter les présidentielles maliennes afin de montrer le succès
de l’opération Serval et justifier le désengagement.
Les combats continuent
Le
retrait des troupes françaises a commencé doucement depuis le mois de mars. Elles
vont être progressivement remplacées par des casques bleus à partir du 1er juillet,
qui sont en fait les soldats ouest africains de la force panafricaine Misma. De la
part de l’ONU, il s’agit d’une opération de maintien de la paix d’une ampleur inhabituelle
: 12 600 soldats et des compétences élargies. Le ministère français de la défense
indique que le retrait des troupes françaises va continuer mais se stabilisera pendant
l’été. Les chiffres restent pourtant inchangés : de 3 500 soldats maintenant à 2000
à la fin de l’été.
Pendant ce temps, la situation sur le terrain reste instable:
l’opération militaire se poursuit, et dans des conditions difficiles. Jean Yves Le
Drian a annoncé que 2 nouveaux soldats ont été blessés jeudi et qu’ils restaient de
nombreuses caches d’armes. Le Mali est pour la première fois sur la liste noire de
l’ONU dans son rapport annuel sur les enfants et les conflits armés. L’organisation
dénonce l’exploitation d’enfants comme soldats et la détention de certains d’entre
eux. Ces atteintes sont surtout le fait des groupes terroristes mais les forces maliennes
et françaises n’en sont pas exclues : elles ont fait arrêter et détenir des enfants
dans des conditions non conformes aux législations internationales. (J.Degosse)