Un hommage national a été rendu mardi matin à l'ancien Premier ministre socialiste
Pierre Mauroy aux Invalides à Paris. Dans son discours François Hollande a salué le
réformisme de l'homme politique, évoquant "un enfant du peuple" pour qui "réformer
ce n'était pas renoncer, c'était réussir". "Pierre Mauroy est entré dans l'Histoire
pour avoir été l'artisan de grandes conquêtes sociales et de libertés nouvelles",
a ajouté le président français. Pierre Mauroy est décédé vendredi 7 juin à l'âge de
84 ans.
S'il ne s'était jamais publiquement exprimé sur sa foi, le premier
Premier Ministre de François Mitterrand (1981-1984) a entretenu un dialogue constant
avec les catholiques, notamment sur ses terres nordistes. Pendant son passage à Matignon,
il avait participé en 1982 aux négociations avec l'Enseignement catholique en vue
de la création d'un grand service laïque de l'Education nationale. Cette promesse
de campagne de François Mitterrand sera abandonnée après des manifestations massives
: près de deux millions descendent dans la rue pour contester le projet Savary. Le
retrait du texte entraînera la démission de Pierre Mauroy.
Un dialogue constant
avec les catholiques
Signe du dialogue toujours ouvert avec l'Eglise catholique
: selon le magazine La Vie, Pierre Mauroy fut ensuite invité à titre privé
par Mgr Jean Vilnet, alors évêque de Lille et président de la Conférence épiscopale,
qui avait pourtant manifesté contre sa réforme quelques semaines plus tôt.
Pour
Gérard Leclerc, auteur d'une chronique sur Radio Notre-Dame, Pierre Mauroy "était
étranger à tout anticléricalisme et ce qui pouvait s’exprimer encore en fait d’intolérance
à l’égard de la religion l’exaspérait. Pierre Mauroy avait une sorte de sur-moi religieux".
L'évêque
de Lille Mgr Laurent Ulrich a rendu lui aussi hommage à Pierre Mauroy, un homme qui
"l a eu un destin national et international, et qui s’est attaché à imaginer l’avenir,
tout en étant attentif aux personnes qu’il rencontrait. Belles qualités souvent soulignées
chez ce responsable politique. Profondément attaché à cette région, il y vivait l’accueil
si apprécié des gens du Nord. Il y vivait aussi ses meilleurs moments d’intimité."
Ce n'est donc pas un hasard si les obsèques de Pierre Mauroy auront lieu jeudi
dans "ses" terres nordistes, à la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille à Lille, ville
dont il fut le maire de 1973 à 2001.