Le drame des migrants, otages dans le désert du Sinaï
Près de 400 migrants seraient toujours prisonniers dans le Sinaï. Enfermés dans de
petites cabanes au milieu du désert, proies faciles des trafiquants, ils sont victimes
de nombreuses exactions. Parmi les personnes et organisations qui tentent de sauver
ces Erythréens pris en otage et torturés par leurs ravisseurs, et de prévenir de nouveaux
rapts : le Cheik Mohammed Ali Hassan Awwad. Il était en mai dernier en Italie, invité
par la communauté Sant'Egidio et soutenu par le gouvernement italien. Cet Egyptien
salafiste de 32 ans appartient à une tribu respectée du Sinaï, établie non loin du
point de passage de Rafah. Marie Duhamel l’a rencontré.
Les trafiquants
ont commencé par obliger les migrants à rester trois parfois six heures debout sans
pouvoir bouger, sans résultat. Ils ont commencé à utiliser le bâton, exigeant ente
1 000 et 3 000 dollars. Alors les Africains ont fait payer leur famille.
Le début d’un cercle vicieux. La torture fonctionnant pour obtenir les
rançons, les ravisseurs ont demandé toujours plus d’argent, réclamant jusqu’à 30 000
dollars.
La torture elle-même évoluant. On brûle du plastique sur leur
corps, les femmes sont violées. Parfois, ils attachent plusieurs personnes ensemble,
raconte le cheik Hassan Awwad. Leurs ravisseurs les arrosent d’eau, pour
ensuite les électrocuter. « A peine torturés, on leur passe un téléphone pour qu’ils
appellent leurs proches ». Payer la rançon exigée ne fait qu’empirer les choses, constate
le salafiste. Les familles qui payent n’ont pas pour autant retrouver leurs proches,
vendus à d’autres trafiquants.
Autre cercle vicieux dont sont victimes
ces migrants : retenus prisonniers dans des cabanes au milieu du désert, certains
parviennent à échapper à la garde des trafiquants, mais, libres, les voilà qui errent
dans le désert, sans eau ni nourriture. Et s’ils arrivent jusqu’à la frontière entre
l’Egypte et Israël, ils peuvent essuyer les tirs des soldats égyptiens ou se faire
arrêter et finir en prison. L’entrée en Israël leur est toujours refusée.
Plus
chanceux certains otages ont rencontré le cheik Hassan Awwad. Certains parlent de
réseaux encore solides, mais selon lui, il n’y aurait plus qu’une vingtaine de preneurs
d’otages. Des jeunes d’une vingtaine d’année qu’ils ont mis en quarantaine. Dans le
Sinaï, « Nous ne sommes pas tous mauvais ». « Dans chaque peuple, il y a des bons
et des méchants », explique cheik Hassan Awwad.
Sa voiture a été incendiée
et sa maison a essuyé des tirs. Au risque de sa vie Cheik Hassan Awwad
aide ces migrants à 90% chrétien « pour Dieu, pour empêcher l’injustice
».