L’Union Européenne (UE) et le Fonds Monétaire International (FMI) se renvoient la
responsabilité de l’aggravation de la crise grecque, alors que la Grèce est en récession
pour la sixième année consécutive. Le produit intérieur brut devrait encore se contracter
de 4,2% cette année. Le taux de chômage est le plus élevé de la zone euro, avec une
moyenne de 26,8% et un taux de chômage des jeunes (15-24 ans qui n’étudient pas) à
58,4%. La controverse a commencé avec la sortie mercredi soir d’un rapport du FMI
sur le plan de sauvetage de la Grèce, dans lequel les accusations envers son partenaire
de la Troïka sont frappantes.
La question principale concerne la date à laquelle
il aurait fallu entamer la restructuration de la dette grecque. Une équipe du FMI
soutient dans le rapport qu’elle aurait dû avoir lieu dès 2010 : « une restructuration
plus rapide de la dette aurait aidé à atténuer la profondeur de l’ajustement et la
sévérité de la récession » L’Union Européenne soutient au contraire qu’une restructuration
aussi rapide aurait risqué de déstabiliser toute la zone euro. Olli Rehn, chef économiste
de l’UE, rappelle ainsi pour le Wall Street Journal le contexte de panique
financière de 2010. Selon lui, une faillite de la Grèce dans le climat d’affolement
qui a suivi la débâcle de Lehman Brothers aurait eu des conséquences sociales et financières
inimaginables.
Croissance et/ou austérité ?
Le deuxième débat
sous-jacent concerne le dilemme, fameux en Europe, entre croissance et austérité.
Le rapport du FMI reconnaît que la récession et le taux de chômage grecs sont insoutenables
: il formule donc des propositions de mesures pour l’emploi. Pourtant, selon l’équipe
du FMI, la croissance ne peut pas revenir en Grèce sans le retour de la confiance
des investisseurs. Elle-même dépend de leur conviction sur le programme qui va rendre
la dette grecque viable. L’austérité serait donc indispensable pour un retour à la
croissance ?
Ce débat a été virulent à l’intérieur de l’UE dans les dernières
semaines, particulièrement entre la France, dont le président François Hollande a
été élu sur des promesses de croissance, et l’Allemagne dont la chancelière est la
figure de proue de l’austérité. Les deux principales économies de la zone euro semblent
se rapprocher d’un double objectif de stabilité et de croissance, alors que la chancelière
Angela Merkel souhaite redorer son image internationale à l’approche des élections
législatives. C’est pourtant ces mêmes élections, prévues pour septembre 2013, qui
l’empêchent d’accepter une nouvelle restructuration de la dette grecque, demandée
par Athènes et soutenue par le FMI. Au sein de l’Union économique européenne, les
échéances politiques des Etats membres vont à l’encontre d’une véritable continuité
dans les mesures adoptées par le groupe. (J.Degosse)