2013-05-21 13:51:18

Mgr Fitzgerald, regard sur les révolutions arabes


Entretien. Peut-on encore parler de « printemps arabe » ? Que sont devenus les idéaux de liberté, d’égalité et de justice sociale revendiqués par les révolutionnaires tunisiens, égyptiens et libyens ?
Qu’en est-il du processus démocratique initié dans ces pays ? Qu’en est-il surtout de leur situation économique, sociale et sécuritaire ? Quelle place pour les chrétiens dans ces nouveaux panoramas ?

Autant de questions abordées lors d’une conférence donnée par Mgr Michael Fitzgerald, nonce au Caire jusqu’en septembre 2012, et organisée sous l’égide de l’Institut pontifical d’Etudes arabes et d’islamologie (PISAI). Témoin privilégié des évènements ayant conduit à la chute du président Moubarak, Mgr Fitzgerald partage ainsi son expérience, et revient sur les nombreuses questions soulevées par ces révolutions arabes.

Avant tout, la liberté d'expression

L’un des apports principaux de ces révolutions a été la liberté d’expression. « Au moins en Egypte, affirme Mgr Fitzgerald, les personnes n’ont plus peur de s’exprimer, on entend toutes les opinions ». La presse et la télévision sont devenues les lieux privilégiés où s’exerce cette liberté conquise. C’est une véritable prise de conscience : « la société civile pense qu’elle a quelque chose à dire », souligne Mgr Fitzgerald.

Les peuples sont-ils pour autant pleinement satisfaits des résultats immédiats de ces diverses révolutions ?

« Je ne crois pas », avoue Mgr Fitzgerald, et de citer le cas spécifique de l’Egypte. « Les gens sont déçus par le gouvernement, ou plutôt par le manque de gouvernement », affirme-t-il. L’inertie gouvernementale, et l’absence de mesures, exacerbent une situation économique désastreuse. Les touristes, peu rassurés, préfèrent les stations balnéaires de la mer Rouge, délaissant le Caire, Louxor, ou Assouan, qui dépendent essentiellement de l’industrie touristique.

D’une manière générale, c’est la confiance qu’il faut redonner aux investisseurs, découragés par l’instabilité, et « le manque d’ordre ». « Mais ce n’est pas la fin! », tempère Mgr Fitzgerald, se référant aux prochaines élections législatives qui devraient se tenir au mois d’octobre. « On peut exercer son droit à voter contre le gouvernement qui est là », ajoute-t-il. « Ceux qui sont du bord des Frères musulmans sont plutôt contents ! » de la situation, reconnait-il avec humour, « mais ils ne sont pas la majorité dans le pays », prend-t-il soin de spécifier, tout en déplorant les divisions patentes entre les différents partis et factions non islamistes, cette véritable « fragmentation des forces », qui « affaiblit l’opposition au gouvernement actuel ».

Quelles sont donc les perspectives pour l’Egypte ?

Pour Mgr Fitzgerald, « le processus démocratique est entré en jeu, et il faut l’encourager ».
Les chrétiens, quant à eux, ne doivent pas oublier le cœur du message du synode des évêques pour le Moyen-Orient, -qui avait eu lieu avant les printemps arabes-, et qui les invitait au courage, à l’espérance et à l’engagement. L’heure n’est pas à la fuite, mais à la lutte « démocratique », insiste Mgr Fitzgerald. « Ce message est difficile » , reconnait-il, mais le voyage de Benoît XVI au Liban en septembre 2012, ainsi que les contacts qu’il y avait établis avec les musulmans, ont, toujours pour Mgr Fitzgerald, « renforcé ce message » synodal.
« Oui l’avenir n’est pas très brillant pour le moment, mais je pense que notre foi et notre espérance doivent continuer », conclue-t-il.

Ecoutez l'intégralité de l'entretien, réalisé par Manuella Affejee : RealAudioMP3

(Photo: Mgr Fitzgerald)







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