En Espagne, quel statut pour le cours de religion ?
Le gouvernement espagnol conservateur de Mariano Rajoy a présenté une réforme de l'enseignement
annulant le statut facultatif des cours de religion, rapporte le 19 mai le quotidien
français "Le Figaro". L'opposition socialiste, qui avait rendu cette matière facultative
en 2006, dénonce une régression et accuse le premier ministre conservateur de légiférer
sous la dictée des évêques et du Vatican.
Une fois de plus, une réforme - la
septième en 35 ans - de l'enseignement primaire et secondaire coupe l'Espagne en deux.
Aujourd'hui, ce sont les cours de religion qui cristallisent une division qui dure
depuis le retour de la démocratie. En 2006, le gouvernement socialiste de José Luis
Rodríguez Zapatero avait supprimé la matière alternative: les élèves qui ne souhaitaient
pas aller en catéchèse pouvaient aller jouer dans la cour. Après la réforme du gouvernement
Rajoy, les élèves devront choisir entre religion et "Valeurs culturelles et sociales"…
ou étudier les deux. Et les notes de ces matières seront prises en compte pour déterminer
le passage en classe supérieure ainsi que l'obtention de bourses académiques.
En
Espagne, les grandes lignes de l'enseignement religieux sont fixées par un accord
avec le Vatican - un quasi-concordat -, qui prévoit que les cours de catéchèse soient
dispensés dans toutes les écoles, publiques comme concertadas (privées sous contrat).
Les professeurs sont nommés par l'Eglise catholique et rémunérés par l'administration
publique. Mais le statut de cette matière n'a cessé d'osciller, au gré des majorités
politiques.
Baisse de l'évangélisation à l'école
"N'actualisez
pas vos manuels, les nouveaux programmes ne dureront pas longtemps!" Avant même que
la réforme de l'éducation ne soit votée par la droite, le secrétaire général du Parti
socialiste (PSOE), Alfredo Pérez Rubalcaba, avertissait les éditeurs espagnols. Si
elle revient au gouvernement, la gauche, aujourd'hui dans l'opposition, révoquera
la loi présentée par le gouvernement Rajoy.
L'Eglise catholique a vu décroître
l'intérêt pour ses enseignements. À la rentrée 2000, 83 % des élèves de l'école primaire
et 64 % des collégiens s'inscrivaient aux cours de religion. En 2009, ils n'étaient
plus, respectivement, que 74 % et 54 %. La gauche, du coup, accuse la droite de céder
aux exigences des évêques, soucieux d'enrayer la baisse de l'évangélisation à l'école.
(apic/figaro)