Dossier : des S-300 russes livrés à la Syrie ?

Depuis le début du conflit syrien, en mars 2011, la Russie est apparue avec l’Iran l’un des plus solides soutiens du régime de Bachar al Assad. Que ce soit aux Nations Unies où Moscou, avec la Chine, a bloqué tout projet occidental de résolution comportant des sanctions contre la Syrie, ou en dehors de la tribune onusienne, le gouvernement russe n’entend pas lâcher Damas.

Le conflit se prolonge, dévastant le pays, provoquant le départ de centaines de milliers de réfugiés vers les pays voisins, désorganisant l’économie et divisant la société déjà fragmentée. Aucun des deux principaux camps ne parvient à prendre le dessus sur l’autre. Les occidentaux se refusent pour l’instant à appuyer massivement les rebelles de peur, notamment, de voir des armes tomber entre les mains d’islamistes. Les Russes n’ont en revanche pas de scrupule à maintenir leurs exportations d’armes vers les autorités syriennes. Et c’est ce qui inquiète le plus pour le moment la communauté internationale.

Israël inquiet

Israël est sans doute le pays le plus préoccupé par ces exportations à tel point que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s’est déplacé à Moscou pour demander explicitement au président russe, Vladimir Poutine, de renoncer à vendre des missiles S-300 à Bachar al Assad. L’armée israélienne, qui a reconnu avoir mené des bombardements aériens sur le territoire syrien pour détruire certaines armes, craint que ces missiles sol-air ne menacent à l’avenir ses appareils lors d’éventuels nouvelles attaques. Les autorités israéliennes ne veulent pas non plus courir le risque de voir ces missiles tomber entre les mains du Hezbollah, dont des membres combattant sont engagés sur le terrain aux côtés des troupes gouvernementales syriennes.

Pour les Occidentaux, le déploiement de ces S-300, armes de fabrication russe et ultra-modernes, contrarierait grandement tout éventuel projet de frappes aériennes sur la Syrie ou l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne. C’est dire si ces S-300 inquiètent les gouvernements israéliens et occidentaux.

Patrice Bouveret, responsable de l’Observatoire des armements, basé à Lyon, revient avec Thomas Chabolle sur les caractéristiques de ces missiles S-300


Photo : déploiement de missiles S-300 en Russie