Dossier : révolution dans le monde du travail français
C’est une petite révolution dans le domaine de l’emploi en France : l’Accord National
Interprofessionnel (ANI), a été définitivement adopté par le parlement mardi soir
sous le nom de loi sur la sécurisation de l’emploi. Après les députés le 24 avril,
les sénateurs ont approuvé ce projet de loi défendu par le ministre du Travail, Michel
Sapin.
L’ANI a été conclu en janvier entre trois syndicats : la CFDT, la CFTC
et la CFE-CGC. La CGT et FO ont refusé de le signer, marquant une césure entre syndicats
réformistes et radicaux. Au niveau politique, le vote de ce texte a suscité bien des
polémiques, non entre la gauche et la droite, mais au sein même de la majorité. L’opposition,
au Sénat, s’est abstenue lors du vote tout comme le groupe des écologistes, pourtant
membre de la majorité parlementaire. Les députés centristes, ainsi que la majorité
des socialistes ont adopté le texte. En revanche, trente-cinq députés socialistes
ainsi que les élus du Front de Gauche ont voté contre, accentuant le malaise existant
au sein de la majorité avec sa composante la plus à gauche.
Plus de flexibilité
Alors que la France connait un taux de chômage record, le vote de cette loi
est une victoire certaine pour le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui a mené au
bout une réforme structurelle permettant plus de flexibilité dans le domaine du travail.
Cette réforme, qualifiée de « régression » sociale par le Front de Gauche, prévoit
notamment que les entreprises en difficulté puissent négocier des baisses de salaires
en échange d’un maintien des effectifs. Le texte prévoit en outre la généralisation
d’une assurance complémentaire santé ainsi que des droits rechargeables à l’assurance
chômage et un compte personnel de formation. Les contrats à durée déterminée courts
seront taxés et les temps partiels davantage encadrés. Autant de contreparties
qui satisfont Jérôme Vignon, président des Semaines Sociales de France
Propos
recueillis par Olivier Bonnel
Photo : membres de la CGT, syndicat ayant
refusé de signer l'ANI