L’Istiqlal quittera-t-il ou non le gouvernement dirigé par Abdelilha Benkirane ? Le
Maroc s’apprête dans les heures ou les jours à venir à connaitre le dénouement de
ce qui apparait comme une crise politique. Vendredi dernier, le parti conservateur
a annoncé son retrait du gouvernement de coalition dominé par le PJD, le parti justice
et développement (islamiste). Parmi les raisons invoquées, l’Istiqlal juge le Premier
ministre incapable de prendre en « considération la gravité de la situation économique
et sociale » du pays.
Le lendemain, samedi, le roi Mohammed VI a personnellement
appelé le chef de l’Istiqlal pour lui demander de revenir sur sa décision et éviter
l’éclatement d’une crise. Depuis, le parti conservateur, deuxième formation politique
depuis les élections législatives de 2011, convoquées dans la foulée du Printemps
arabe et de réformes constitutionnelles sensées promouvoir la démocratie dans le royaume
chérifien, fait patienter tout l’échiquier politique. Les solutions à ce début
de crise sont multiples : si l’Istiqlal se retire du gouvernement, soit les islamistes
doivent trouver une nouvelle majorité, soit de nouvelles élections devront être organisées.
Pas d’inquiétude chez les Marocains
Mais selon Pierre
Vermeuren, professeur d’Histoire contemporaine du Maghreb à la Sorbonne à Paris,
« cette crise politique ne fait pas trembler les Marocains. Ce n’est pas quelque chose
de très important parce que le gouvernement a des contraintes économiques et politiques
très fortes d’autant qu’il partage la direction des affaires avec le palais. »
Cette crise
politique révèle surtout l’état de l’économie marocaine, jugée « mauvaise » par le
chercheur. « La croissance est faible, et le déficit public est important » précise-t-il.
De plus, « le Premier ministre est très critiqué dans la presse et dans l’opinion
». Cette crise politique pourrait donc Cette crise politique pourrait donc être un
moyen de se débarrasser d’Abdelilah Benkirane dont le parti ne constitue qu’une solution
de pis-aller pour le palais royal et une grande partie de la bourgeoisie marocaine.
Le rôle joué d’ailleurs par le roi est ambigu. S’il ne veut pas donner l’impression
de s’impliquer personnellement dans cette affaire sinon pour apparaitre comme médiateur
et stabilisateur, ses conseillers pourraient bien agir dans l’ombre.