Les réseaux sociaux s'imposent mais posent question
L’Eglise catholique célèbre ce dimanche 12 mai la 47° Journée mondiale des Communications
sociales sur le thème « Réseaux Sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces
pour l'évangélisation ». Dans son message, publié au mois de janvier, Benoît XVI a
invité les chrétiens à habiter le continent numérique pour y être témoins de la puissance
bienfaisante de la foi, de l’espérance et de l’amour et pour y proposer leurs valeurs
et leurs vérités.
Les communications et la nouvelle évangélisation sont au
cœur de nombreuses initiatives au sein de l’Eglise catholique dans le monde. Selon
Mgr Celli, président du Conseil pontifical pour les Communications sociales, les réseaux
sociaux représentent pour l’Eglise un défi et une opportunité. Ils permettent d’atteindre
ceux qui se sont éloignés de la foi chrétienne ou ceux qui cherchent un sens à leur
vie.
La culture des réseaux sociaux pose des défis importants
L’Eglise
– avertit cependant Mgr Celli - doit veiller à ne pas transformer son message en une
annonce publicitaire ou commerciale de Jésus. Ces sites permettent de partager avec
d’autres des critères et des témoignages de vie, avec un souci d’authenticité et d’immédiateté.
L’avenir du message de l’Eglise est aussi de voyager sur la toile. Le succès remporté
par le compte twitter du pape en est la preuve.
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MESSAGE
DU PAPE BENOÎT XVI POUR LA 47ème JOURNÉE MONDIALE DES COMMUNICATIONS SOCIALES "Réseaux
sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour l’évangélisation" [Dimanche,
12 mai 2013] Chers frères et sœurs, À l’approche de la Journée mondiale des
Communications sociales de 2013, je voudrais proposer quelques réflexions sur une
réalité toujours plus importante concernant la manière dont les personnes communiquent
entre elles aujourd'hui. Je voudrais examiner le développement des réseaux sociaux
numériques qui contribuent à mettre en évidence une nouvelle « agora », un espace
public ouvert où les personnes partagent des idées, des informations, des opinions,
et où peuvent naître aussi de nouvelles relations et formes de communauté. Ces
espaces, quand ils sont bien valorisés et de manière équilibrée, contribuent à promouvoir
des formes de dialogue et de débat qui, si elles sont effectuées avec respect, attention
pour la vie privée, responsabilité et dévouement à la vérité, peuvent renforcer les
liens d'unité entre les personnes et promouvoir efficacement l'harmonie de la famille
humaine. L'échange d'informations peut devenir une réelle communication, les liens
peuvent se développer en amitié, les connexions faciliter la communion. Si les réseaux
sont appelés à réaliser ce grand potentiel, les personnes qui y participent doivent
s'efforcer d'être authentiques, parce que dans ces espaces on ne partage pas seulement
des idées et des informations mais en définitive on se communique soi-même. Le
développement des réseaux sociaux exige de l’engagement : les personnes participent
à construire des relations et à trouver de l'amitié, dans la recherche de réponses
à leurs questions, en se divertissant mais aussi en se stimulant intellectuellement
et dans le souci du partage des compétences et des connaissances. En unissant les
personnes en fonction de ces besoins fondamentaux, les réseaux font de plus en plus
partie du tissu social même. Les réseaux sociaux sont donc alimentés par des aspirations
enracinées dans le cœur humain. La culture des réseaux sociaux et les changements
dans les formes et les styles de communication, posent des défis importants à ceux
qui veulent parler de vérité et de valeurs. Souvent, comme c'est le cas pour d’autres
médias sociaux, la signification et l'efficacité des différentes formes d'expression
semblent plus déterminés par leur popularité que par leur importance intrinsèque et
leur validité. La popularité est encore fréquemment liée à la célébrité ou à des stratégies
de persuasion plutôt qu’à la logique de l'argumentation. Parfois, la voix discrète
de la raison peut être dominée par la rumeur des informations excessives et ne parvient
pas à éveiller l'attention qui est réservée par contre à qui s'exprime d’une manière
plus persuasive. Les médias sociaux ont besoin donc de l'engagement de tous ceux qui
sont conscients de l'importance du dialogue, du débat raisonné, de l’argumentation
logique ; des personnes qui cherchent à cultiver des formes de discours et d'expression
qui font appel aux plus nobles aspirations de ceux qui sont impliqués dans le processus
de communication. Le dialogue et le débat peuvent s'épanouir et grandir aussi quand
on converse et prend au sérieux ceux qui ont des idées différentes des nôtres. « Étant
donné la diversité culturelle, il faut faire en sorte que les personnes, non seulement
acceptent l’existence de la culture de l’autre, mais aspirent aussi à s’en enrichir
et à lui offrir ce que l’on possède de bien, de vrai et de beau. » () Le défi que
les réseaux sociaux doivent affronter est d’être effectivement inclusif : alors ils
bénéficieront de la pleine participation des croyants qui souhaitent partager le message
de Jésus et les valeurs de la dignité humaine promues dans son enseignement. En fait,
les croyants ont de plus en plus ce sentiment que si la Bonne Nouvelle n’est pas connue
aussi dans l'environnement numérique, elle pourrait être absente de l'expérience d'un
grand nombre pour qui cet espace existentiel est important. L'environnement numérique
n'est pas un monde parallèle ou purement virtuel, mais fait partie de la réalité quotidienne
de nombreuses personnes, en particulier des plus jeunes. Les réseaux sociaux sont
le résultat de l'interaction humaine, mais ils donnent à leur tour de nouvelles formes
à la dynamique de la communication qui crée des relations : une compréhension approfondie
de cet environnement est donc la condition préalable pour y assurer une présence significative. La
capacité d'utiliser les nouveaux langages est requise non pas tant pour être à la
mode du temps, mais justement pour permettre à l’infinie richesse de l’Évangile de
trouver des formes d'expression qui soient en mesure d'atteindre les esprits et les
cœurs de tous. Dans l'environnement numérique la parole écrite est souvent accompagnée
d'images et de sons. Une communication efficace, comme les paraboles de Jésus, nécessite
l'implication de l'imagination et de la sensibilité émotionnelle de ceux que nous
voulons inviter à la rencontre avec le mystère de l'amour de Dieu. En outre, nous
savons que la tradition chrétienne a toujours été riche en signes et en symboles :
je pense par exemple, à la croix, aux icônes, aux images de la Vierge Marie, à la
crèche, aux vitraux et aux peintures des églises. Une partie importante du patrimoine
artistique de l'humanité a d’ailleurs été réalisée par des artistes et des musiciens
qui ont essayé d'exprimer les vérités de la foi. L'authenticité des croyants dans
les réseaux sociaux est mise en évidence par le partage de la source profonde de leur
espérance et de leur joie : la foi en Dieu riche de miséricorde et d'amour révélé
en Jésus Christ. Un tel partage consiste non seulement dans l'expression explicite
de la foi, mais aussi dans le témoignage, c'est-à-dire dans la façon dont se communiquent
« choix, préférences, jugements qui soient profondément cohérents avec l'Évangile,
même lorsqu'on n’en parle pas explicitement. » (). Une manière particulièrement significative
de témoigner sera la volonté de se donner soi-même aux autres à travers la disponibilité
à s'impliquer avec patience et respect dans leurs questions et leurs doutes, sur le
chemin de la recherche de la vérité et du sens de l'existence humaine. L'émergence
dans les réseaux sociaux du dialogue autour de la foi et des croyances, confirme l'importance
et la pertinence de la religion dans le débat public et social. Pour ceux qui ont
accueilli d’un cœur ouvert le don de la foi, la réponse la plus radicale aux questions
de l'homme sur l'amour, la vérité et le sens de la vie – questions qui ne sont en
aucune façon absentes dans les réseaux sociaux – se trouve dans la personne de Jésus
Christ. Il est naturel que celui qui a la foi désire, avec respect et sensibilité,
la partager avec ceux qu'il rencontre dans l'environnement numérique. En définitive,
cependant, si notre partage de l'Évangile est capable de donner de bons fruits, c'est
toujours grâce à la force de la Parole de Dieu de toucher les cœurs, bien avant tout
effort de notre part. La confiance dans la puissance de l'action de Dieu doit toujours
dépasser toute sécurité mise dans l'utilisation de moyens humains. Même dans l'environnement
numérique, où il est facile que s’élèvent des voix sur un ton trop vif et conflictuel
et où parfois le sensationnalisme risque de l'emporter, nous sommes invités à un discernement
attentif. Et rappelons-nous à cet égard, que Élie reconnut la voix de Dieu non dans
le vent impétueux et fort, ni dans le tremblement de terre ou le feu, mais dans le
« murmure d'une brise légère » (1 R 19, 11-12). Nous devons avoir confiance dans le
fait que les désirs fondamentaux d’aimer et d’être aimé, de trouver sens et vérité
– que Dieu lui-même a mis au cœur de l'être humain – maintiennent également les femmes
et les hommes de notre temps toujours et de toute manière ouverts à ce que le Bienheureux
Cardinal Newman appelle la « gentille lumière » de la foi. Les réseaux sociaux,
outre qu’instruments d'évangélisation, peuvent être un facteur de développement humain.
Par exemple, dans certains contextes géographiques et culturels où les chrétiens se
sentent isolés, les réseaux sociaux peuvent renforcer le sentiment de leur unité effective
avec la communauté universelle des croyants. Les réseaux facilitent le partage des
ressources spirituelles et liturgiques, rendant les personnes capables de prier avec
un sens revigoré de proximité avec ceux qui professent la même foi. La participation
authentique et interactive aux questions et aux doutes de ceux qui sont loin de la
foi doit nous faire ressentir le besoin de nourrir avec la prière et la réflexion
notre foi en la présence de Dieu, ainsi que notre charité active : « Quand je parlerais
les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain
qui sonne ou cymbale qui retentit. » (1 Co 13, 1). Il existe des réseaux sociaux
qui, dans l'environnement numérique, offrent à l'homme d'aujourd'hui des opportunités
de prière, de méditation, ou de partage de la parole de Dieu. Mais ces réseaux peuvent
aussi ouvrir des portes à d'autres dimensions de la foi. En effet, beaucoup de gens
sont en train de découvrir, grâce à un contact au départ en ligne, l'importance de
la rencontre directe, des expériences de communauté ou même de pèlerinage, éléments
toujours importants dans le cheminement de foi. En nous efforçant de rendre l'Évangile
présent dans l'environnement numérique, nous pouvons inviter les personnes à vivre
des rencontres de prière ou des célébrations liturgiques dans des lieux concrets tels
que des églises ou des chapelles. Il ne devrait pas y avoir manque de cohérence ou
d'unité dans l'expression de notre foi et dans notre témoignage évangélique dans la
réalité où nous sommes appelés à vivre, qu’elle soit physique ou numérique. Lorsque
nous sommes en présence des autres, de toute manière, nous sommes appelés à faire
connaître l'amour de Dieu jusqu'aux extrémités de la terre. Je prie pour que l'Esprit
de Dieu vous accompagne et vous éclaire toujours, et de tout cœur je vous bénis tous,
afin que vous puissiez être vraiment les hérauts et les témoins de l'Evangile. « Allez
dans le monde entier et proclamez l'Évangile à toute créature » (Mc 16, 15) Du
Vatican, le 24 janvier 2013, fête de saint François