La médiation intermalgache, qui a réuni plus de 600 participants issus de diverses
organisations, sous l’égide du conseil chrétien des églises malgaches (FFKM) a donc
rendu ce dimanche ses résolutions finales, après deux semaines de consultation.
Cette
feuille de route propose ainsi le report de l’élection présidentielle, prévue le 24
juillet prochain, l’instauration d’un gouvernement de transition de 18 mois, conduit
par un Premier ministre investi des pleins pouvoirs, ainsi que la création d’un conseil
des chefs d’Etat, lequel réunirait Andry Rajoelina et ses prédécesseurs, Marc Ravalomanana,
Didier Ratsiraka et Albert Zafy. Une Assemblée constituante se chargerait quant à
elle de rédiger une nouvelle constitution.
Ces « propositions-remèdes »
pour une sortie de crise sont, certes, ambitieuses. Sont-elles pour autant applicables
? Non répond clairement le père Sylvain Urfer, jésuite vivant sur la Grande Ile
depuis 1974. Membre du SEFAFI, l’Observatoire de la vie publique malgache, il dirige
également le centre Foi et Justice Propos recueillis
par Manuella Affejee
Le père Urfer n'a pas de mot tendre envers cette
initiative dont il conteste la légitimité démocratique. Il rappelle la position, exprimée
le 30 avril, de la conférence épiscopale malgache qui a souhaité que la médiation
du FFKM ne soit pas purement politique. « Il n’est pas du ressort de l’Eglise de mettre
en place une structure d’Etat ni de reporter ou d’avancer la date des élections »,
cite-t-il. « Notre premier objectif est : pardon, conversion, vérité et réconciliation
».
Après plusieurs années de crise politique, à laquelle s’ajoute une crise
économique et sociale, les Malgaches en ont assez, assure-t-il. « Ils veulent voter
! ». La sortie de crise ne peut passer selon le jésuite, qu’au travers d’un scrutin
électoral qui a été fixé au 24 juillet prochain.
Le père Urfer n’hésite pas
à pointer du doigt des « manœuvres souterraines » visant à prolonger la transition
et à empêcher le peuple de s’exprimer. « Un certain nombre de gens savent très bien
qu’à l’issue de la transition, s’il y a des élections, ils ne retrouveront plus de
place parce qu’ils ne représentent rien ni personne. Ces gens-là veulent faire durer
le plaisir et manipulent le FFKM ».
Sans être capable de donner des noms précis,
le jésuite désigne des « tendances », celles des anciens présidents qui ont pris part
à la transition, aux différentes consultations ou qui se représentent.