2013-05-06 14:28:52

Giulio Andreotti est mort à l'âge de 94 ans


Une page d’Histoire se tourne. Jamais une expression si souvent galvaudée n’aura été aussi pertinente en ce qui concerne la disparition de Giulio Andreotti. Né en 1919 l’année de naissance du fascisme, il aura vécu en tant que témoin ou acteur les grands évènements du XXème siècle dans la péninsule. Membre de l’Assemblée constituante en 1946, à 7 reprises président du conseil, il est considéré comme l’un des pères de la Démocratie Chrétienne qui régna sur la vie politique italienne pendant 45 ans.

Un homme politique hors du commun

Grand homme d’Etat pour ses admirateurs, Machiavel cynique pour ses détracteurs il a occupé le devant de la scène et les coulisses de la vie publique en Italie. 21 fois ministre, occupant presque tous les postes de gouvernement lors des premières années de la République (8 fois ministre de la défense, 5 fois des Affaires étrangères, 2 fois de l’économie mais aussi de l’intérieur, du trésor…) , il est président du conseil lors de l’enlèvement d’Aldo Moro (1978-1979) mais aussi lors du « compromis historique » avec le Parti Communiste (1976-1977).

Lumières et zones d’ombre

Membre de l’assemblée constituante en 1946 qui marque le retour de la démocratie en Italie après vingt ans de fascisme, il est le bras droit à 28 ans d’Alcide de Gasperi, père fondateur de la DC dont il sera le sous-secrétaire à la présidence du conseil, un poste clé. Andreotti devient la figure principale de l’aile la plus conservatrice de la toute nouvelle Démocratie Chrétienne. Fervent catholique, il a ses entrées au Vatican et noue un dense réseau de contacts internationaux. Ministre des Affaires étrangères du socialiste Bettino Craxi au début des années 80, il développera une diplomatie misant sur le dialogue Est-Ouest et sur l'ouverture de l'Occident au monde arabe.
La mafia se souvient de lui comme de « l’oncle Giulio ». La collusion avec la mafia, toujours invoquée jamais prouvée. Giulio Andreotti est accusé d'avoir commandité à la mafia en 1979 le meurtre du trop curieux journaliste Mino Pecorelli, il est condamné après de longues années de procédure à 24 ans de prison, mais sera finalement blanchi en 2003 par la Cour de cassation.

L’ironie comme défense et arme politique

Ses aphorismes font figure de véritable programme politique. « Le pouvoir use celui qui ne l’a pas » aimait il dire. « On pèche en pensant à mal mais souvent on devine… » répétait-il. Deux maximes qui reflète nt son gout du secret et des intrigues, ses principales caractéristiques. Le Pape noir, Belzébuth, le Divin Giulio ou le Richelieu italien autant de surnoms qui lui ont été donnés pour louer ou dénoncer son « transformisme » trait indispensable pour un homme politique italien. «
L’inoxydable » est un autre surnom qui exprimait cette fois son incroyable longévité. « On me met tout sur le dos, sauf les guerres puniques parce que j'étais trop petit », a-t-il lancé un jour, dans une allusion ironique aux conflits qui ont opposé Rome à Carthage durant l'Antiquité. Il est mort à Rome ce lundi 6 mai à l'âge de 94 ans.







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