Dossier : A Guantanamo, 100 détenus en grève de la faim
A Guantanamo, le mouvement de grève de la faim continue de s’étendre. Il est entré
dans son 4ème mois et touche désormais cent détenus sur 166 ; 130 selon les avocats
qui les défendent. Vingt-trois d’entre eux sont alimentés de force par sonde nasale,
et parmi eux cinq sont hospitalisés. Les grévistes de la faim disent avoir été victimes
de mauvais traitements. Ils affirment également que des Corans, qu’ils réclamaient
pour pouvoir prier, ont été inspectés d’une façon qu’ils jugent blasphématoire.
«
Libérez-les, renvoyez-les chez eux ou traduisez-les en justice ! » C'est le cri d'alarme
lancé par les signataires d'une pétition adressée à Barack Obama pour mettre fin au
calvaire de plus de la moitié des détenus de Guantanamo, enfermés sans procès depuis
plus d'une décennie.
A peine 5% des détenus passés par Guantanamo peuvent
être finalement poursuivis
Dans cette pétition signée par 150 000 personnes
en 48 heures, le colonel Morris Davis, l’ancien procureur militaire de Guantanamo
explique qu’il y a « fondamentalement quelque chose qui ne colle pas dans un système
où l'absence d'inculpation pour crime de guerre vous garde enfermé indéfiniment et
où (au contraire) une condamnation pour crime de guerre vous donne un billet retour
pour chez vous ».
Le colonel David y rappelle qu'il avait « personnellement
» inculpé les trois seuls ex-détenus à être reconnus coupables de crimes de guerre
et renvoyés dans leur pays : trois sur 779 prisonniers passés en plus de onze ans
par les geôles de la prison. Six autres détenus ont été inculpés et sont actuellement
renvoyés devant un tribunal militaire d'exception. Enfin parmi les 80 prisonniers
restants, une quarantaine ne peuvent pas être traduits en justice faute de preuves.
Promesse
de campagne non tenue
Cette semaine lors d’une conférence de presse, le
président américain Barack Obama, qui pourrait selon la Maison Blanche nommer un nouveau
responsable en charge de la prison de Guantanamo, a réaffirmé sa volonté de fermer
le site. Une promesse qu’il avait faite lors de son investiture en 2009.
Pour
quelles raisons Barack Obama n’a pas fermé la prison de Guantanamo ?
Maya
Kandel est chargée d’études sur les Etats-Unis à l’Institut de recherche stratégique
de l’Ecole militaire. Elle est interrogée par Hélène Destombes
Photo
: la base militaire de Guantanamo sur l'île de Cuba