Aux cris de « Allah Akbar » (Dieu est grand) et « les athées doivent être pendus »,
200 000 militants du Hefajat-e-Islam, un groupe islamiste radical récemment créé,
ont défilé sur au moins six grandes artères de la capitale du Bangladesh, bloquant
la circulation entre Dacca et d'autres villes du pays. Ils réclament depuis plusieurs
semaines la peine de mort pour tous ceux qui calomnient l'islam (les athées étant
également considérés comme des auteurs de blasphèmes), ainsi que la fin de la mixité
entre hommes et femmes.
Diverses démonstrations de force ont eu lieu et des
ultimatums ont été posés par le groupe islamiste, mais sans faire plier le gouvernement.
Au Bangladesh, la Constitution garantit la liberté de culte.
70 000 partisans
du Hefajat-e-Islam refusaient de se disperser
Dimanche, des heurts parmi
les plus violents recensés ces dernières années dans ce pays, ont éclaté entre des
milliers de protestataires et les forces de sécurité. Au moins 28 personnes ont été
tuées dont des policiers. « Nous avons été contraints d'agir, car leur rassemblement
s'est poursuivi de manière illégale. Ils nous ont attaqués avec des briques, des bâtons
en bambou et des pierres », a-t-il précisé un porte-parole de la police de Dacca,
Masudur Rahman à l'AFP, ajoutant que les manifestants avaient finalement été dispersés
tôt lundi matin. A l’aube, 70 000 islamistes refusaient toujours de quitter un district
commercial important de la capitale.
Balles en caoutchouc ou balles réelles
La
police affirme avoir fait usage de grenades et gaz lacrymogène, de canons à eau et
tiré des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les 70.000 islamistes. Cependant,
selon des témoins et des médias locaux, des centaines de balles réelles ont été tirées
pour disperser les islamistes déchaînés qui ont incendié un poste de police, des véhicules
et des magasins.
L'Eglise lance un appel à la paix
Après les
dévastations perpétrées par des radicaux islamistes au Bangladesh, l’archevêque de
Dacca a lancé un appel à toutes les composantes de la société pour qu’elles favorisent
la solidarité, l’harmonie et la paix. Dans un communiqué, Mgr Patrick D’Rozario demande
que soient reconnus les droits de tous les croyants quelle que soit leur appartenance
religieuse. Le secrétaire de Caritas Bangladesh a raconté à l’agence vaticane Fides
la peur suscitée par ces manifestations revendiquant l’introduction du Coran et de
la charia dans la vie civile ainsi qu’une loi sur le blasphème assortie de la peine
de mort pour ceux qui offensent l’islam. L’Eglise catholique a exprimé sa préoccupation.
Décryptage
d’une situation tendue, où percent des objectifs politiques, avec Jérémy Codron politologue,
spécialiste du Bangladesh au Centre d’étude et de recherche internationale (CERI),
à Sciences Po Paris. Il est interrogé par Manuella Affejee