Décès de Mgr Jin à Shanghai, l’Eglise de Chine en deuil
Sa vie a épousé tous les grands bouleversements que la Chine a connu au cours du XXe
siècle. Mgr Aloïs Jin Luxian, évêque coadjuteur de Shanghai, est décédé samedi 27
avril 2013 à l’âge de 96 ans. C’est ce qu’indique une note de la Secrétairerie d’Etat
publiée mardi.
Mgr Jin est décédé dans un hôpital de Shanghai où il était
traité depuis plusieurs semaines en soins intensifs. Sa santé avait décliné ces dernières
années en raison de son grand âge mais aussi en raison d’un diabète important.
Né
le 20 juin 1916, à l’aube de la République, il fréquenta les jésuites dès l’âge de
dix ans. Attiré par la spiritualité et la vie de la Compagnie de Jésus, il commença
son noviciat en 1938 et exprima ses premiers vœux religieux en 1940. Il fut ordonné
prêtre en 1945.
Entre 1947 et 1950 il vint étudier en Europe, d’abord à Paris
puis à l’université grégorienne de Rome. Il profita de ses vacances d’été pour voyager
en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne pour y apprendre le français, l’allemand
et l’anglais.
Enfermé pendant 27 ans
Rappelé en Chine en 1950,
il devint recteur temporaire du séminaire régional de Xuhui à Shanghai après l’expulsion
des jésuites du pays. Arrêté dans la nuit du 8 septembre 1955, il fut longuement interrogé
et fut jugé en 1960. Condamné à dix-huit ans de prison, et à neuf ans de rééducation,
il ne fut relâché que vingt-sept ans plus tard après avoir été interné dans une prison
de Pékin, et dans deux centres de rééducation.
Il put rouvrir le séminaire
de Sheshan et fut consacré évêque du diocèse de Shanghai en 1985 mais sans l’approbation
du Saint-Siège. Il ne l’obtint que quinze ans plus après avoir manifesté sa fidélité
au pape et après avoir demandé pardon pour son ordination illégitime. Personnage
clé dans l’histoire de l’Eglise catholique en Chine durant ces cinquante dernières
années, Mgr Jin était un homme d’une grande culture. Il développa le diocèse de Shanghai
et s’engagea activement dans la préparation des nouveaux prêtres et religieuses.
Selon
Régis Anouilh, rédacteur en chef de l'agence de presse Eglises d'Asie, les obsèques
de Mgr Jin Luxian ont eu lieu lundi à Shanghaï, en présence de prêtres du diocèse
mais sans aucun évêque. Le successeur de Mgr Jin, Mgr Ma, a été empêché par la police
chinoise de présider la célébration. Juste avant son ordination par Mgr Jin en juillet
2012, il avait démissionné de l’Eglise chinoise « officielle », un acte courageux
qui lui a valu d’être placé en résidence surveillée depuis lors.
Pour Régis
Anouilh, les obsèques de Mgr Jin sont à l’image de l’héritage qu’il laisse derrière
lui Propos recueilli
par Jean-Baptiste Cocagne