Séoul : les évêques souhaitent que "l’évêque disparu" de Pyongyang soit béatifié
60 ans après la fin de la guerre entre les deux Corées et alors que la situation reste
critique entre Séoul et Pyongyang, la réconciliation des deux pays fut un des thèmes
abordés par les évêques sud-coréens lors de leur Assemblée plénière. Ils ont acté
« un mois de prière pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen » afin de faire
« changer la perception rigide » qu’ont les sud-coréens de leurs voisins du nord.
Il tenteront également d’organiser un Congrès commun (nord et sud) sur le rôle que
peuvent jouer les religions pour la paix.
La conférence des évêques a également
décidé de mettre en pratique au niveau national les lignes de conduites contre la
pédophilie au sein du clergé, pour répondre concrètement au document envoyé par la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi aux diocèses du monde suivant la volonté de
Benoît XVI.
Une béatification serait reconnaître la souffrance des catholiques
nord-coréens
Enfin à l’issue de son Assemblée plénière, la Conférence
épiscopale sud-coréenne a décidé de demander à la Congrégation pour la Cause des Saints
d’ouvrir un procès en béatification pour Mgr Francis Borgia Hong Yong-ho, l’évêque
disparu en 1962 mais jamais déclaré mort de Pyongyang, et 80 de ses compagnons, des
prêtres et religieux qui, comme lui, auraient été victimes des persécutions menées
par le régime Stalinien de Kim Il–Sung, tout juste après la partition de la péninsule
coréenne en deux en 1948. Pour les évêques, Mgr Francis Borgia Hong Yong-ho représente,
encore aujourd’hui, un symbole de la violence du régime de Kim Jong-un. « C’est une
pas important pour la reconnaissance des souffrances de la communauté catholique vivant
en Corée du nord, décimée par une idéologie de la haine ».
Ordonné en 1933,
Mgr Francis Borgia Hong Yong-ho fut nommé évêque d’Auzia et vicaire apostolique de
Pyongyang en 1944 par Pie XII. En 1962, le pape Jean XXII éleva le vicariat à la dignité
de diocèse pour « protester contre les politiques nord-coréennes », explique l’agence
catholique Asianews. Mgr Hong qui en fut le premier évêque disparut le 10 mars 1962.
Une
église décimée
C’est la deuxième fois que les évêques demandent à Rome
d’ouvrir un procès en béatification pour les catholiques de Corée du Nord. Il l’ont
déjà fait pour Mgr Boniface Sauer, missionnaire allemand qui arriva en 1909 en Corée
du nord. Prieur, abbé, vicaire apostolique et évêque, il y fonda le premier séminaire.
En 1949, son abbaye fut fermée et tous ses membres jeté en prison. Mgr Sauer décéda
des suite de son emprisonnement le 7 février 1950.
La situation de l’Eglise
en Corée du nord est dramatique. Depuis la fin de la guerre entre les deux Corées
en 1953, les trois circonscriptions ecclésiastiques et l’entière communauté catholique
ont été décimées par le régime stalinien, rapporte Asianews. Selon l’agence, 300 000
chrétiens ont “disparus” lors des premières année de dictature de Kim Il-Sung, le
père fondateur de la République populaire démocratique de Corée dont Pyongyang vient
de célébrer le 101ème anniversaire, le 15 avril dernier.
A Pyongyang,
aucun prêtre catholique, une prière par semaine
Aujourd’hui, explique Joseph
Yun Li-sun de l’agence de presse catholique Asianews, il n’y a pas de structure ecclésiastique
ni de prêtres résident en Corée du nord et le Saint Siège a continué à maintenir
le clergé local en assignant les "sièges vacants à des prêtres sud-coréens. Seuls
quelque uns d’entre eux qui participent à des œuvres caritatives avec le nord ont
pu célébrer des messes à Pyongyang, mais uniquement au sein des ambassades occidentales.
Selon l’agence, les catholiques se retrouvent malgré tout pour une prière collective
une fois par semaine.
En Corée du nord, seul le culte du leader est permis.
« Le régime a toujours cherché à empêcher la présence religieuse en particulier des
bouddhistes et des chrétiens et il impose aux fidèles de s’enregistrer dans les organisations
contrôlées par le Parti ». Pour les catholiques, il s’agit de l’Association des catholiques
nord-coréens. Pyongyang déclare cependant que la liberté religieuse est respectée
dans le pays et garantie par la Consitution. Les chiffres officiels parlent de 10
000 bouddhistes, 10 000 protestants et 3000 catholiques. Selon Asianews, il serait
en réalité moins de 200, la plupart des personnes âgées.
Morte pour avoir
fait circuler des Bibles
L’agence catholique rapporte que dans le pays,
une personne surprise en train de participer à une messe dans un lieu non autorisé
risque des peines de prison, dans les cas les plus graves, la torture ou la peine
capitale. Le fait de posséder une Bible est considéré comme un crime passible de la
peine capitale. Le 16 juin 2009, une chrétienne de 33 ans, Ri Hyon-ok, a été exécutée
à mort pour avoir fait circuler des Bibles.
Photo : des soldats sud-coréens
patrouillent le long du mur de barbellés isolant la zone démilitarisée séparant la
Corée du sud de la Corée du nord.