Réélu président, Napolitano fustige les parlementaires italiens
Réélu pour un second mandat au Quirinale (fait inédit dans l'histoire politique italienne),
le président de la République italienne Giorgio Napolitano a prêté serment devant
l'ensemble des parlementaires italiens lundi après-midi. Celui qui va fêter ses 88
ans en juin incarne le seul recours dans la crise politique que traverse l’Italie,
sans gouvernement depuis les dernières élections législatives en février.
Dans
son discours d'investiture, Giorgio Napolitano s'est montré ferme et volontaire, exhortant
les élus à se montrer responsables. Dans une analyse sans concession, il a fustigé
les stratégies politiciennes qui ont conduit à bloquer la situation politique en
Italie.
La réforme manquée de la loi électorale est « impardonnable » selon
Napolitano, une loi qui en l’état et avec les résultats des dernières élections, ne
permet pas au vainqueur des urnes d’avoir la capacité de gouverner.
Giorgio
Napolitano : "Il faut être concret"
« Il faut passer des paroles aux actes
» a insisté le Président de la République. Les partis doivent tenir un langage de
vérité selon lui, pour se concentrer sur les réformes et former un gouvernement sans
tarder et faire face aux défis qui attendent les parlementaires, difficiles, profonds
et à l’issue incertaine, selon les mots de Napolitano.
Ce dernier s’est donné
un objectif : « procéder sans tarder à la formation de l’exécutif », appelant les
partis à former une grande coalition, puisqu’aucune formation n’a recueilli suffisamment
de votes pour gouverner seule. Dans ce contexte, Giorgio Napolitano se voit comme
un "facteur de coagulation" selon ses mots.
En cas d'impasse, Napolitano
menace de démissionner
Emu parfois jusqu’aux larmes, le président de la
République a précisé qu’il a accepté un second mandat au Quirinale parce qu’il est
inquiet de la situation du pays mais : "je dois être franc" a-t-il dit, "si je me
trouve face à une surdité comme celle du passé, je n’hésiterai pas à en tirer les
conséquences".
A peine réélu, Giorgio Napolitano menace donc déjà de démissionner,
comme pour presser les parlementaires à trouver une solution au plus vite. En guise
de réponse, les parlementaires ont manifesté bruyamment leur soutien : le discours
de Napolitano a été très souvent interrompu par des applaudissements nourris de tout
l’hémicycle, à l’exception des parlementaires du mouvement 5 étoiles, qui sont restés
de marbre.
Les félicitations des évêques italiens et du pape François
En
tout cas, cette réélection de Giorgio Napolitano a fait l’unanimité en Italie. La
Conférence épiscopale italienne a adressé ses félicitations au président, la « meilleure
réponse possible à la crise politique» en Italie. Le pape François avait lui salué
la « grande disponibilité » et « l’esprit de sacrifice » de Giorgio Napolitano. Il
lui a présenté ses vœux « les plus sincères et cordiaux » pour poursuivre son action
« illuminée » et « sage ».
(Photo : De gauche à droite, la Présidente de
la Chambre des Députés Laura Boldrini, le Président de la République Giorgio Napolitano
et le Président du Sénat Pietro Grasso)