L’Assemblée Plénière de l’Eglise d’Argentine. Le Cardinal Bergoglio aurait dû y participer
ces jours-ci, mais voilà, il est devenu le Pape François. Il leur envoie donc un message
de Rome pour s’excuser tout d’abord avec un brin d’ironie de son absence, empêché
par « des tâches assumées récemment ». Mais après ce clin d’œil à ses confrères évêques,
le Pape leur parle aussitôt de la nécessité de placer leur pastorale, et celle des
prêtres, sous le signe de la mission, leur conseillant d’avoir pour référence non
seulement le Document d’Aparecida mais aussi un autre texte « Prendre le large » de
la Conférence épiscopale argentine.
« Une Eglise qui ne sort pas d’elle-même,
écrit le Pape, tôt ou tard tombe malade dans l’atmosphère viciée des pièces dans lesquelles
elle s’est enfermée ». Et une fois encore, il invite à « sortir de nous-mêmes, pour
aller vers les périphéries existentielles ». Depuis le début de son pontificat, c’est
devenu son leitmotiv. Et « s’il est vrai qu’en sortant de chez soi on risque peut-être
un accident », constate le Pape, « je préfère mille fois une Eglise accidentée que
malade ».
Pour lui, la maladie typique de l’Eglise est l’autoréférentialité,
le repliement, et de parler « de narcissisme qui conduit à la mondanité spirituelle
et au cléricalisme sophistiqué » et qui empêche de faire l’expérience de la « allégresse
douce et réconfortante d’évangéliser ». Le Pape conclut son message en saluant le
peuple argentin et en embrassant fraternellement ses confrères évêques, en leur demandant
de prier pour lui « afin qu’il évite de s’enorgueillir et sache écouter la volonté
de Dieu et non la sienne ».
Les évêques argentins interpellent les autorités
argentines, craignant un déficit de démocratie
Durant leur assemblée, la
centaine d’évêques y participant, ont publié un communiqué intitulé « Justice, démocratie
et constitution ». Les Evêques d’Argentine demandent au gouvernement plus de temps,
davantage de consultations, une analyse et un débat plus approfondis à propos des
projets de loi cruciaux pour les institutions du pays. Il est habituel que l’Assemblée
publie un communiqué à la fin de sa réunion mais cette fois, les Evêques ont voulu
s’exprimer avant, vue l’importance et le caractère critique du moment que connaît
la vie politique du pays.
Sont en effet en discussion différents projets de
loi concernant des thèmes cruciaux pour la démocratie tels que la réforme de l’autorité
judiciaire, que le gouvernement tente actuellement de faire approuver au travers d’une
procédure qualifiée d’express de manière à ce que le texte soit adopté rapidement
par les deux chambres du Parlement sans aucune modification.
« Nous sommes
conscients, explique la Conférence épiscopale, qu’en traitant rapidement les réformes
significatives, on encourt le risque d’affaiblir la démocratie républicaine, établie
par notre constitution, en ce qui concerne l’un de ses aspects fondamentaux, à savoir
l’autonomie de ses trois pouvoirs ».