La Terre Sainte se vide toujours plus de ses chrétiens : c’est ce qui ressort d’une
étude menée par Professeur Hanna Issa, chrétien palestinien, enseignant de Droit international
et secrétaire général du Comité islamo-chrétien pour la sauvegarde de Jérusalem et
des Lieux Saints.
En quête de travail, de meilleures conditions de vie, ou
manquant totalement de perspectives, les jeunes chrétiens fuient Jérusalem, Gaza ou
la Cisjordanie et l’occupation militaire israélienne quotidienne, laquelle, selon
Sa Béatitude Mgr Fouad Twal patriarche latin de Jérusalem, constitue le principal
obstacle à une paix viable et pérenne entre Israéliens et Palestiniens.
A
la tête d’une délégation du patriarcat latin de Jérusalem, il était reçu lundi matin
par le pape François. Manuella Affejee a pu le rencontrer à l’issue de cette audience
:
Retranscription
de notre entretien avec Sa Béatitude Mgr Fouad Twal :
Quelle impression
avez-vous eu du Pape François ? La première qualité que j’ai trouvée en lui
est qu’il a le don de l’écoute. Il écoute, c’est beaucoup. J’ai trouvé un être humain.
II est humain. c’est le mot le plus juste, avec des dons d’écoute qui vous mettent
à l’aise. Il ne prétend pas tout savoir et cela vous met à l’aise quand vous parlez
avec lui. Il m’a demandé si nous pouvions parler en espagnol et nous avons parlé
en espagnol ! Et puis cela va de soi, j’ai parlé de la situation générale en Terre
sainte et au Moyen-Orient. Le Saint-Siège a toujours eu une ligne directrice de la
politique du Moyen-Orient, une ligne fidèle (…) Il m’a interrogé sur nos chrétiens.
Je lui ai dit que tout le monde l’invitait ici en Terre sainte, qu’il était chez lui
en Terre sainte. Je l’ai remercié, ainsi que ses prédécesseurs, qui ont toujours parlé
en public en demandant aux chrétiens de ne pas oublier la Terre sainte et les chrétiens
de Terre Sainte, et de prier pour la paix en Syrie et en Palestine. Je lui fait
part de bonnes nouvelles. Nous avons un séminaire plein, grâce à Dieu, et la majorité
de nos séminaristes viennent de Jordanie, qui est désormais le poumon du patriarcat.
Notre juridiction couvre Chypre, Israël, Palestine et la Jordanie mais le cœur battant
du patriarcat, c’est la Jordanie, avec tant de familleset des écoles. 80% de nos séminaristes
viennent de la Jordanie. Cette année, nous aurons quatre séminaristes ordonnés. C’est
la saison des bonnes nouvelles.
Vous avez aussi évoqué les réfugiés syriens
?
Je lui ai parlé de la situation en général. Une de mes peines à Jérusalem
est que plus personne ne parle de nous, de l’occupation et de notre situation. Toute
l’attention mondiale va à la Syrie. De la Syrie, nous avons en Jordanie presque 700
000 (réfugiés nldr), sans parler des autres. Le patriarcat a ouvert trois quatre paroisses
avec trois quatre écoles pour accueillir les réfugiés et les enfants. (…) Nous
collaborons très bien avec le gouvernement jordanien et notre Caritas en Jordanie,
lorsque la Jordanie n’a pas toutes les infrastructures nécessaires pour recevoir tant
de gens. Un de nos problèmes est d’assurer l’eau, l’eau à boire, et les réfugiés
syriens ont besoin chaque jour de trois millions de litres d’eau. C’est déjà un problème
et donc c’est un appel à la communauté internationale pour collaborer avec la Jordanie
et avec notre Caritas de Jordanie, qui font un beau témoignage d’Eglise, de charité
et de solidarité.
Il y a une étude qui est parue la semaine dernière qui
disait que le nombre de chrétiens en Terre sainte, notamment dans les territoires
occupés et à Jérusalem avait diminué de moitié depuis treize ans. Il y a une véritable
hémorragie des chrétiens. Comment expliquer cela, quel est l’appel que vous lancez
? Et comment arrêter cette hémorragie ?
Le mot-clé est la Paix. Paix, paix,
paix. Nous avons besoin de « pace », de paix. Nous aurons plus de confiance, plus
de travail, de liberté de mouvement, plus de liberté d’accès aux lieux saints. C’est
la paix qui nous manque. Tant qu’il y a une chose qui s’appelle occupation militaire
israélienne, cette occupation militaire fait mal à Israël pour son image d’Etat démocratique
tout comme cela fait mal aux gens qui sont sous l’occupation et qui souffrent d’humiliation.
Nous avons besoin de paix. Nous n’avons pas besoin de gérer l’occupation. Nous avons
besoin de finir l’occupation.
Photo: le pape François et le patriarche
latin de Jérusalem, Sa Béatitude Mgr Fouad Twal au sein du palais apostolique ce lundi
15 avril.