Egypte : le calme après de nouvelles violences confessionnelles
Dans le quartier d’Abbassiya, la police égyptienne était massivement déployée aux
abords de la cathédrale copte du Caire. Le calme est revenu ce lundi après une nuit
de violence devant la cathédrale Saint-Marc, le siège du Patriarcat copte orthodoxe.
Selon un bilan du ministère égyptien de l’Intérieur, deux personnes ont été tuées
et 79 autres blessées dans la nuit de dimanche à lundi dans la capitale égyptienne.
Alourdissant
un climat politique et social déjà difficile, la communauté copte a subi une nouvelle
attaque dimanche. Des milliers de chrétiens ont été attaqués lors de funérailles de
quatre coptes tués la veille, samedi, à Al-Khossousse, un secteur déshérité du gouvernorat
de Qalyoubia, au nord du Caire.
Lancer de pierres et de cocktails Molotov
Lors de la sortie du cortège funéraire de la cathédrale, des "inconnus"
en civil perchés sur les toits ont lancé des pierres et des cocktails molotov sur
les fidèles et la cathédrale pendant plusieurs heures, tandis que la police lançait
des grenades lacrymogènes en direction des coptes en colère. L'AFP rapporte que les
funérailles ont pris une tournure politique quand des coptes ont scandé des slogans
contre le pouvoir islamiste. Des "scènes retransmises à la télévision", affirme l'Agence
France Presse.
Selon l’agence APIC, « le Ministère égyptien de l'Intérieur,
contrôlé par les Frères musulmans, a accusé les fidèles coptes d'avoir endommagé des
voitures parquées devant la cathédrale, entraînant la riposte des habitants du quartier
et l'intervention des forces de l'ordre. »
Mohamed Morsi : « Toute attaque
contre l'église sera une attaque personnelle»
Dimanche, le président égyptien,
Mohamed Morsi, a lancé un appel au calme et ouvert une enquête sur ces violence, déclarant
que l'attaque contre la cathédrale d'Abbassia « revient à une attaque contre ma personne
», rapporte la télévision d'Etat égyptienne.
Le président Morsi a téléphoné
au Patriarche copte orthodoxe d’Egypte, Tawadros II, qui de son côté, a lancé un appel
« à la sagesse et à la retenue ». Le pape copte a assuré être en contact permanent
avec les responsables de la sécurité, en particulier avec le Ministère de l'Intérieur.
Ce nouvel épisode de tensions est-il le miroir d’une société à la dérive
? Ce n’est pas l’avis de Nagui Shehata, un copte vivant au Caire où il enseigne le
français
Dimanche
lors de la messe des funérailles, l'évêque Anba Rafaël, le secrétaire général du Saint
Synode Copte Orthodoxe, a prononcé le nom des « martyrs » coptes d'Al-Khossousse.
Il a évoqué la crainte des chrétiens concernant leur avenir dans une Egypte aux mains
des islamistes, relevant en effet que « cette profonde blessure n'était pas la première
du genre ». Il a ainsi rappelé d'autres attentats contre des chrétiens et leurs lieux
de culte. « Dieu n’oublie pas le sang de ses martyrs »", a-t-il lancé à la foule,
qui a répondu en proclamant "Avec notre âme et avec notre sang, nous protégerons la
croix!"
L'évêque Rafaël a ensuite affirmé que les chrétiens ne partiront jamais
d'Egypte, car c'est leur pays. « Le message que nous transmettons à notre pays l’Egypte,
c’est que le pays ne se développe pas par le sang, ce n’est pas par l’insécurité que
les pays sont gouvernés », tandis que les fidèles répondaient « Nous ne quitterons
pas, c'est notre pays! », peut-on lire sur le site internet ahramonline.