Depuis son élection, le pape François a plusieurs fois fait référence au diable lors
de ses homélies, catéchèse, et angélus. Lors de sa première messe, « pro ecclesia
», au lendemain de son élection, il a notamment déclaré « celui qui ne prie pas le
Seigneur, prie le diable », citant l’écrivain Léon Bloy, mais aussi « quand on ne
confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon.
» Il est revenu sur ce thème devant les cardinaux, avant que ceux-ci ne se séparent,
à l’issue du conclave : il ne faut jamais « cédé au pessimisme, à l’amertume que le
diable offre chaque jour ». Lors de la messe des Rameaux, il a de nouveau fait référence
au malin qu’il a expressément cité dans son deuxième tweet : « nous ne devons pas
croire au Malin qui dit que nous ne pouvons rien faire contre la violence, l’injustice,
le péché. »
Ces constantes références au diable interpellent dans les pays
occidentaux où la figure du malin n’est plus si souvent utilisée. Mais il ne faut
pas oublier que le nouveau pape n’est pas européen mais argentin et que cela peut
peut-être expliquer certaines choses. Le père Michel Anquetil, prêtre du diocèse
de Coutances, en France, vit depuis plus de trente ans en Argentine, et officie dans
le diocèse de Viedma, en Patagonie, dans l’Etat de Rio Negro. Il connait bien
la culture argentine et l’Eglise locale. Il avoue à Xavier Sartre qu’il n’a même pas
noté ces références au malin, tant il y est maintenant habitué
« La plupart
des croyants ici croient que l’esprit du mal existe : ils peuvent le constater tous
les jours avec les guerres, les inégalités. Les gens pensent que cet esprit agit chez
les personnes qui ont le pouvoir. En plus, ils croient très fort en Dieu, mais croient
encore plus dans la figure du Jésus crucifié qu’en la Résurrection ».
Le père
Anquetil souligne bien qu’en tant qu’Argentin, « on croit très fort en l’esprit du
bien mais on constate aussi que l’esprit du mal agit en nous et autour de nous si
on le laisse agir. Et le monde est très souvent marqué par beaucoup de signes négatifs.
» Il remarque également que la religiosité qui marque tant les latino-américains est
« populaire ». « Notre grande mission est ainsi de déterminer ce qui est de Dieu et
ce qui ne l’est pas » ajoute-t-il, constatant qu’en Europe, « l’homme étant très sécularisé,
ces différences ne sont plus aussi voyantes ». Une différence qui explique peut-être
la surprise des occidentaux vis-à-vis de ces références au diable.