2013-04-03 16:11:28

Pillages et peur à Bangui, témoignage d'une soeur


La situation reste précaire dans la capitale centrafricaine alors que le nouveau gouvernement parle d’une reprise de l’activité administrative et économique. Ce mercredi, la capitale du Tchad, N’Djamena, accueille le sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Les pays de la Cédéao devraient discuter en priorité de la situation à Bangui. Dans la capitale centrafricaine de nombreux magasins et banques restent fermés dans une atmosphère très tendue avec la présence d’hommes armés dans les rues. Dans le reste du pays la peur règne parmi la population. C’est ce que nous raconte une des religieuses de l’Institut des clarisses de Bouar au micro de Fausta Speranza de la rédaction italienne RealAudioMP3

R. - Avant-hier, il y eu beaucoup de coups de feu tirés, mais depuis hier et jusqu'à maintenant il n'y en a plus, le calme est revenu. La semaine dernière de nombreuses personnes ont été tuées dans la ville. Maintenant, l’ordre semble être revenu. Mais les gens ont très peur, très très peur. La population a vraiment très peur à cause de l'insécurité qui règne dans le pays et dans certains quartiers. Beaucoup de gens vont dormir dans la brousse, dehors dans la forêt. Ils quittent leur maison et vont dormir dans leurs champs. Ceux qui terrorisent la population sont vraiment des bandits: ils prennent les choses des gens, tout, et, si ce n'est pas assez, ils tirent. Ils font vraiment peur.

Q. - Que pouvez-vous nous dire de la situation à Bangui ?

R. – A Bangui, la situation est tout aussi précaire. Par exemple, ils sont entrés dans la maison de ma sœur, ils ont cassé la porte et ont tout détruit, ils ont pris tout ce qui était là. Elle a tout perdu. Heureusement, elle était partie avec son mari, et ainsi ils ont sauvé leurs vies : leur maison a été pillée, détruite. Les bandits disent que c'est une sorte de règlement de comptes à l'égard des personnes plus aisées. Donc ils entrent dans les maisons, prennent les biens, détruisent les habitations, ils font beaucoup de dégâts, ils prennent aussi les voitures : ce sont des pertes énormes pour une population qui est déjà pauvre. Il y a tellement de gens, à Bangui, qui ont tout perdu et ont été abandonnés à leur propre sort.

Q. - Vous avez une idée de qui sont les rebelles ?

R. - Parmi les rebelles il y a beaucoup d’étrangers. Ils ne sont pas de Centrafrique, il n’y en a que quelques-uns qui sont centrafricains. Il y a des Soudanais, des Tchadiens. Ils parlent l'arabe, ils ne parlent pas le français. Peu d'entre eux parlent le Sangho. Tout cela est effrayant : ce n'est pas le peuple du pays qui est à la tête de cette révolte, ce sont des étrangers, des musulmans. Ils portent le turban des musulmans. Cela fait peur. Nous comptons sur la miséricorde du Seigneur, parce que seul le Seigneur peut nous protéger. Beaucoup de gens prient le Seigneur afin qu’il protège la population et nous donne la paix. Nous avons besoin de la paix.

(Photo : des rebelles du Seleka à Bangui)








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