Dans le cadre de l’anniversaire du célèbre « Edit » proclamé par l’Empereur Constantin,
il y a dix-sept siècles, la ville italienne de Milan accueille cette année de nombreuses
manifestations. Une exposition, préparée par un bibliste et deux historiens de l’art
a ainsi été inaugurée mardi à la Bibliothèque Ambrosienne. Axée autour de la Bible,
elle restera ouverte au public jusqu’au 30 juin. Parmi les œuvres exposées, un tableau
peu connu de Marc Chagall : « Le bateau de l’exode».
Dans une autre bibliothèque
milanaise, on pourra admirer une reproduction grandeur nature de « La Porte du Paradis
» de Lorenzo Ghiberti, réalisée pour le baptistère de Florence. Elle a retrouvé toute
sa splendeur après des travaux de restauration qui ont duré vingt-sept ans. Le programme
des manifestations intitulé : « Le grand Alphabet de l’humanité », prévoit également
un cycle de rencontres sur la Bible et la culture, un concours sur la tolérance et
le rôle public de la religion destiné aux lycéens et la projection de cinq films dont
« Constantin le Grand » de 1961 et les dix commandements de 1956.
Un tournant
pour le christianisme dans l'Empire
Le règne de Constantin a profondément
changé la politique de l’Empire romain, l’exercice du pouvoir, les règles sociales,
les rites religieux et entrainé de profondes mutations culturelles. L’Edit, promulgué
à Milan, en 313, avec l’Empereur Licinius, en est l’une des étapes les plus significatives.
Contrairement à une idée reçue, cette lettre circulaire ne visait pas à établir la
suprématie chrétienne sur les païens, mais à garantir tous les cultes et à faire cesser
les persécutions contre les chrétiens qui étaient alors très minoritaires dans l’empire.
Les historiens s’interrogent encore et divergent au sujet de la sincérité
de la foi chrétienne de Constantin : adhésion réelle ou calcul politique ? Reste qu’à
partir de ce moment-là, l'Église accèdera à un nouveau type de relation avec le pouvoir,
la richesse et le conformisme social ; elle va s'insérer progressivement dans les
structures de l'Empire romain, dont elle utilisera l'héritage pour « éduquer » les
peuples barbares. Il faudra cependant attendre l'empereur Théodose 1er, en l'an 380,
pour que le christianisme soit élevé au rang de religion officielle de l'empire romain.