Les options du Pape François, révélées à La Havane
Une Eglise qui puisse "sortir d’elle-même" pour aller jusque dans les "périphéries".
Ce concept a été une des idées fortes exprimées par le cardinal Bergoglio lors des
Congrégations générales qui ont précédé le conclave. Le cardinal Jaime Ortega, archevêque
de La Havane, l'a révélé le 23 mars 2013 lors de la messe chrismale qu’il présidait
dans la capitale cubaine.
Devant les centaines de fidèles réunis dans la cathédrale,
le cardinal Ortega a lu entièrement le texte que lui avait remis à sa demande le cardinal
Bergoglio au lendemain de son intervention improvisée. Celle-ci avait été retranscrite
à son intention en quatre points devant le collège cardinalice réuni en Congrégations
générales. "Le cardinal Bergoglio a fait une intervention qui m’a semblée magistrale,
éclairante, engageante et vraie", a-t-il affirmé.
Après plusieurs semaines
passées à Rome, le cardinal Ortega a finalement retrouvé ses fidèles et son clergé
de La Havane. Lors de sa première célébration publique, il a assuré vouloir leur confier
une "exclusivité presque absolue, la pensée du pape François sur la mission de l’Eglise".
Il a ajouté qu’il rendait publique cette intervention normalement placée sous le sceau
du secret avec l’autorisation du pape.
Une Eglise "autoréférentielle"
Le
premier point de l'intervention concernait la nouvelle évangélisation. Le cardinal
qui allait devenir le nouveau pontife assurait que l’Eglise devait "sortir d’elle-même
et aller dans les périphéries", non seulement géographiques mais aussi existentielles.
Le second point soulignait le problème d’une "Eglise autoréférentielle", prise dans
un certain narcissisme théologique.
Le troisième point était la conséquence
des deux premiers. Aux yeux du cardinal Bergoglio, il s’agissait de trouver les changements
et réformes capables de transformer l’Eglise "mondaine qui vit en elle-même, d’elle-même
et pour elle-même" en une Eglise évangélisatrice. Enfin, dans son dernier point, il
estimait que le nouveau pontife devait, "à partir de la contemplation de Jésus", aider
l’Eglise à sortir d’elle-même pour aller aux périphéries de l’existence, là où se
trouvent le mal, l’injustice, la douleur.
Ces idées ont largement été
reprises dans ses interventions publiques en tant que pape. Elles se présentent ainsi
comme les grandes lignes du programme de son pontificat.
Le Cardinal Ricard
en avait un peu parlé
Peu après l'élection du pape, un cardinal français,
Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, avait révélé qu'une intervention du
cardinal Bergoglio avait "marqué les congrégations générales".
"Dans cette
intervention, le futur pape a dit que l'Église ne sera vraiment l'Église du Christ
que si elle ne se centre pas sur elle-même, sur ses problèmes, et qu'elle va à la
rencontre des hommes et des femmes dont elle se sent loin", a raconté Mgr Ricard. "Nous
attendions un pape spirituel, habité intérieurement, mais aussi un pasteur, et avec
le cardinal Bergoglio nous avons senti que nous avions cet homme-là", avait ajouté
l'archevêque de Bordeaux. (Avec apic/imedia)
(Photo: le Cardinal Jaime Ortega,
archevêque de La Havane)