Le pape François a appelé mercredi à « un arrêt immédiat des violences et des pillages
» en Centrafrique et il a exhorté à « trouver le plus vite possible une solution politique
à la crise » pour permettre « le retour à la paix et à la concorde dans le pays, marqué
depuis trop longtemps par les conflits et les divisions ». Un appel lancé lors de
sa première audience générale, trois jours après le renversement du président François
Bozizé, au pouvoir depuis dix ans.
« Je suis avec attention l’évolution de
la situation en Centrafrique, a ajouté le pape, et je désire assurer de mes prières
tous ceux qui souffrent, en particulier les familles des victimes, les blessés et
les populations contraintes de prendre la fuite ».
Toujours des pillages
à Bangui
Bangui vit actuellement des heures difficiles après le « coup
de force » des hommes de la coalition Seleka. Dans la capitale de la République centrafricaine,
les rebelles tentent de faire cesser les pillages. Des patrouilles mixtes composées
de la Force multinationale d'Afrique centrale et de membres de la Seleka ont tenté
le 26 mars toute la journée de sécuriser la ville où le couvre-feu a été imposé pour
la seconde nuit consécutive.
Le nouvel homme fort du pays Michel Djotodia,
à la tête du mouvement Seleka, a annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution
de l’Assemblée nationale et du gouvernement. Il affirme qu'il gouvernera la Centrafrique
par ordonnance et promet de mener une transition de trois ans en respectant les accords
de Libreville.
Un père lazariste poignardé
L’Archevêque de Bangui
demande à la Seleka de faire de la protection de la population et de ses biens une
priorité. « La situation à Bangui reste précaire » déclare Mgr Dieudonné Nzapalainga.
« Il y a encore des pillages qui concernent l’ensemble de la population », cependant
déplore-t-il « les religieux semblent être visés ».
Mardi soir, « des éléments
de la Seleka ont pénétré chez les pères lazaristes qui habitent le lycée des Rapides,
ils ont forcé les portes et procédé à des pillages et ont blessé le père responsable
Séraphin Zoga, poignardé à la main et au pied ». « Ils ont proféré des menaces en
déclarant rechercher des pères et des sœurs ». « Nous osons croire qu’il s’agit d’éléments
incontrôlés ».
« Evitons que la crise ne devienne religieuse »
L’archevêque
de Bangui précise que « cette crise est au départ politique, il faut faire attention
qu’elle ne devienne pas religieuse ». « Les responsables doivent être vigilants et
lancer des appels clairs et nets afin que les religieux et religieuses soient protégés
».
Mgr Dieudonné Nzapalainga dit par ailleurs avoir accueilli « avec beaucoup
de joie » l’appel du pape François et il espère que « tous ceux qui ont encore une
humanité et qui sont habités par la foi puissent entendre le message du pape qui se
préoccupe des population, les premières victimes de cette crise ».
Interrogé
par Hélène Destombes, écoutons Mgr Nzapalainga