Dimanche des rameaux : « Ne soyez jamais tristes, un chrétien ne peut l'être »
En ce dimanche des Rameaux qui célèbre l’entrée de Jésus à Jérusalem, l’Eglise entre
dans la Semaine Sainte. Pour la seconde fois depuis le début de son pontificat, le
Pape François a célébré la messe place Saint-Pierre où des oliviers venant de la région
italienne des Pouilles ont été disposés formant un jardin méditerranéen en plein Rome.
La place, comme les rues attenantes et la célèbre Via della Conciliazione, était noire
de monde. Selon plusieurs agences de presse, plus de 200 000 fidèles étaient présents
pour cette célébration.
Le Pape invite les jeunes aux JMJ
Cette
année, la procession des Rameaux a eu lieu avec des jeunes, en l'honneur du coup d'envoi
des prochaines Journée Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Rio au mois de juillet prochain.
La célébration marquait également la 28e Journée mondiale de la jeunesse célébrée
par l’Eglise et instituée par Jean Paul II. Le Pape François a ainsi exprimé son intention
de se mettre « en route » avec les jeunes « sur les traces du bienheureux Jean-Paul
II et de Benoît XVI ». Dans son homélie, le pape François a ainsi confirmé sa présence
aux prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse au Brésil. Il y a quelques jours
la présidente du Brésil Dilma Roussef avait annoncé la venue du Pape mais celle-ci
n’avait pas été confirmée par le Saint-Siège. C’est donc chose faite.
« Désormais,
nous sommes proches de la prochaine étape de ce grand pèlerinage de la Croix du Christ
», a souligné le Pape. En vue de ce grand évènement, il a demandé aux jeunes de «
bien se préparer surtout spirituellement dans leurs communautés, pour que cette Rencontre
soit un signe de foi pour le monde entier ». Dans son homélie improvisée en partie,
le Pape a demandé aux fidèles de ne pas « être des hommes et des femmes tristes :
car un chrétien ne peut pas l’être ». « Notre joie ne naît pas de la possession des
choses mais de la rencontre avec Jésus » a souligné le Pape François. « Fête, lumière,
joie, » a-t-il insisté « cette lumière de l’amour de Jésus est aujourd’hui une fête
».
Jésus entre à Jérusalem pour mourir sur la croix
« Le trône
royal de Jésus est le bois de la croix ». Le Pape François consacre une partie de
son homélie à l’entrée de Jésus dans Jérusalem. La foule l’acclame comme un roi, mais
c’est un roi « qui monte un petit âne, il n’a pas une cour qui le suit, il n’est pas
entouré d’une armée symbole de force ». Jésus entre à Jérusalem pour mourir sur la
Croix. Jésus prend sur lui le mal, « la saleté, le péché du monde et aussi notre péché,
il le lave » insiste le Pape. François n’hésite pas à décrire un monde où l’humanité
est blessée par le mal : « Guerres, violences, conflits économiques, qui frappent
celui qui est faible, soif d’argent, de pouvoir, corruptions, divisions, crimes contre
la vie humaine et contre la création ! ».
Le Pape appelle les fidèles à
vaincre ce mal terrestre en suivant l’exemple de Jésus. Le Christ et le Bien sont
les deux armes dont nous avons besoin assure le Pape François. « Sur la croix Jésus
sent tout le poids du mal et avec la force de l’amour de Dieu le vainc, le défait
dans sa résurrection ». Surtout le Pape avertit : « Nous ne devons pas croire au Malin
qui nous dit : tu ne peux rien faire contre la violence, la corruption, l’injustice
contre tes péchés ». Avec le Christ nous pouvons nous transformer nous-mêmes ainsi
que le monde.
Bain de foule pour le Pape François
Après la
prière de l’Angélus récitée sur la place Saint-Pierre et non depuis les appartements
pontificaux, le Pape a de nouveau invité les jeunes à se rendre aux JMJ : « Bon chemin
vers les JMJ » a-t-il lancé en allemand, français, anglais, espagnol et polonais.
En italien le Pape a également invoqué la vierge Marie afin qu’elle « nous accompagne
durant la semaine Sainte » et soutienne ceux qui vivent « des situations difficiles
» en particulier les « personnes qui souffrent de tuberculose ».
A la suite
de l’Angélus le Pape a fait le tour de la place Saint-Pierre à bord de la jeep découverte.
La foule a acclamé le Pape brandissant des drapeaux et surtout des rameaux d’oliviers
et des feuilles de palmes. On pouvait lire sur une pancarte : « avec toi nous n’avons
pas peur ». Le Pape est même descendu de la voiture décapotée afin d’embrasser la
foule. Un tonnerre d’applaudissement s’est alors fait entendre. Plusieurs fois le
Pape François s’est penché au-dessus de la foule pour la saluer. Il a bénit notamment
un groupe de handicapés.
Le Pape a publié deux tweets sur son compte tweeter
un premier à 12h30 et un deuxième à 13h30. Voici le premier tweet : « Je pense avec
joie à Rio de Janeiro ! Je vous donne rendez-vous au mois de juillet prochain dans
cette grande ville du Brésil !». Dans son deuxième tweet le Pape est revenu sur un
thème déjà abordé dans son homélie lors de la célébration du dimanche des rameaux
: le diable. « Nous ne devons pas croire au Malin qui dit que nous ne pouvons rien
faire contre la violence, l’injustice, le péché. »
(Photo : Le Pape François
fait le tour de la place Saint-Pierre à bord de la jeep lors de la célébration du
dimanche des rameaux)
Texte de l'homélie en français :
1.
Jésus entre à Jérusalem. La foule des disciples l’accompagne en fête, les manteaux
sont étendus devant lui, on parle des prodiges qu’il a accomplis, un cri de louange
s’élève : « Béni soit celui qui vient, lui, notre roi, au nom du Seigneur. Paix dans
le ciel et gloire au plus haut des cieux » (Lc, 19, 38). Foule, fête, louange,
bénédiction, paix : c’est un climat de joie que l’on respire. Jésus a réveillé dans
le cœur tant d’espérances surtout chez les gens humbles, simples, pauvres, oubliés,
ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. Lui a su comprendre les misères humaines,
il a montré le visage de miséricorde de Dieu, il s’est baissé pour guérir le corps
et l’âme. Et maintenant il entre dans la Ville sainte ! C’est une belle scène
: pleine de lumière, de joie, de fête. Au commencement de la Messe nous l’avons
répété nous aussi. Nous avons agité nos palmes, nos rameaux d’olivier, nous avons
chanté : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, lui notre roi » (Antienne)
; nous aussi nous avons accueilli Jésus ; nous aussi nous avons exprimé notre joie
de l’accompagner, de le savoir proche, présent en nous et au milieu de nous, comme
un ami, comme un frère, aussi comme un roi, c’est-à-dire comme un phare lumineux de
notre vie. Et ici nous vient la première parole : joie ! Ne soyez jamais des hommes,
des femmes tristes : un chrétien ne peut jamais l’être ! Ne vous laissez jamais prendre
par le découragement ! Notre joie n’est pas une joie qui naît du fait de posséder
de nombreuses choses, mais du fait d’avoir rencontré une Personne : Jésus, du fait
de savoir qu’avec lui nous ne sommes jamais seuls, même dans les moments difficiles,
même quand le chemin de la vie se heurte à des problèmes et à des obstacles qui semblent
insurmontables, et il y en a tant ! Nous accompagnons, nous suivons Jésus, mais surtout
nous savons que lui nous accompagne et nous met sur ses épaules : ici se trouve notre
joie, l’espérance que nous devons porter dans notre monde. Portons à tous la joie
de la foi !
2. Mais nous nous demandons : pourquoi Jésus entre-t-il à Jérusalem,
ou peut-être mieux : comment Jésus entre-t-il à Jérusalem ? La foule l’acclame comme
Roi. Et lui ne s’oppose pas, il ne la fait pas taire (cf. Lc 19, 39-40). Mais quel
type de Roi est Jésus ? Regardons-le : il monte un petit âne, il n’a pas une cour
qui le suit, il n’est pas entouré d’une armée symbole de force. Ceux qui l’accompagnent
ce sont des gens humbles, simples. Jésus n’entre pas dans la Ville sainte pour recevoir
les honneurs réservés aux rois terrestres, à qui a le pouvoir, à qui domine ; il entre
pour être flagellé, insulté et outragé, comme l’annonce Isaïe dans la première Lecture
(cf. Is 50, 6) ; il entre pour recevoir une couronne d’épines, un bâton, un manteau
de pourpre, sa royauté sera objet de dérision ; il entre pour monter au Calvaire chargé
d’un bois. Et alors voici la deuxième parole : Croix. Jésus entre à Jérusalem pour
mourir sur la Croix. Et c’est justement ici que resplendit son être de Roi selon Dieu
: son trône royal est le bois de la Croix ! Rappelons-nous le choix du roi David :
Dieu ne choisit pas le plus fort, le plus valeureux, il choisit le dernier, le plus
jeune, celui que personne n’avait considéré. Ce qui compte ce n’est pas la puissance
terrestre. Devant Pilate, Jésus dit : Je suis Roi ; mais sa puissance est la puissance
de Dieu, qui affronte le mal du monde, le péché qui défigure le visage de l’homme.
Jésus prend sur lui le mal, la saleté, le péché du monde, et aussi notre péché, et
il le lave, il le lave avec son sang, avec la miséricorde, avec l’amour de Dieu. Regardons
autour de nous : combien de blessures le mal inflige-t-il à l’humanité ! Guerres,
violences, conflits économiques qui frappent celui qui est plus faible, soif d’argent,
de pouvoir, corruption, divisions, crimes contre la vie humaine et contre la création
! Et nos péchés personnels : les manques d’amour et de respect envers Dieu, envers
le prochain et envers la création tout entière. Sur la croix Jésus sent tout le poids
du mal et avec la force de l’amour de Dieu le vainc, le défait dans sa résurrection.
Chers amis, nous tous nous pouvons vaincre le mal qu’il y a en nous et dans le monde
: avec le Christ, avec le Bien ! Nous nous sentons faibles, inadaptés, incapables
? Mais Dieu ne cherche pas des moyens puissants : c’est avec la croix qu’il a vaincu
le mal ! Nous ne devons pas croire au Malin qui nous dit : tu ne peux rien faire contre
la violence, la corruption, l’injustice, contre tes péchés ! Nous ne devons jamais
nous habituer au mal ! Avec le Christ, nous pouvons nous transformer nous-mêmes ainsi
que le monde. Nous devons porter la victoire de la Croix du Christ à tous et partout
; porter ce grand amour de Dieu. Et cela nous demande à tous de ne pas avoir peur
de sortir de nous-mêmes, d’aller vers les autres. Dans la deuxième Lecture saint Paul
nous dit que Jésus se dépouilla lui-même, assumant notre condition et il est venu
à notre rencontre (cf. Ph 2, 7). Apprenons à regarder en haut, vers Dieu, mais aussi
en bas, vers les autres, vers les derniers ! Et nous ne devons pas avoir peur du sacrifice.
Pensez à une maman ou à un papa : que de sacrifices ! Mais pourquoi le font-ils ?
Par amour ! et comment les affrontent-ils ? Avec joie parce qu’ils sont pour les personnes
qu’ils aiment. La croix du Christ embrassée avec amour ne porte pas à la tristesse,
mais à la joie !
3. Aujourd’hui sur cette place il y a beaucoup de jeunes :
depuis 28 ans le Dimanche des Rameaux est la Journée de la Jeunesse ! Voici la troisième
parole : jeunes ! Chers jeunes, je vous imagine à faire la fête autour de Jésus, agitant
les rameaux d’olivier ; je vous imagine alors que vous criez son nom et exprimez votre
joie d’être avec lui ! Vous avez une part importante dans la fête de la foi ! Vous
nous portez la joie de la foi et vous nous dites que nous devons vivre la foi avec
un cœur jeune, toujours, même à soixante-dix ou quatre-vingts ans ! Avec le Christ,
le cœur ne vieillit jamais ! Pourtant nous le savons tous et vous le savez bien que
le Roi que nous suivons et qui nous accompagne est très spécial : c’est un Roi qui
aime jusqu’à la croix et qui nous enseigne à servir, à aimer. Et vous n’avez pas honte
de sa Croix ! Au contraire, vous l’embrassez, parce que vous avez compris que c’est
dans le don de soi que se trouve la véritable joie et que c’est par l’amour que Dieu
a vaincu le mal ! Vous portez la Croix pèlerine à travers tous les continents, par
les routes du monde ! Vous la portez en répondant à l’invitation de Jésus « Allez
! De toutes les nations faites des disciples » ( cf. Mt 28, 19), qui est le thème
de la Journée de la Jeunesse de cette année. Vous la portez pour dire à tous que sur
la croix Jésus a abattu le mur de l’inimitié, qui sépare les hommes et les peuples,
et qu’il a apporté la réconciliation et la paix. Chers amis, moi aussi je me mets
en route avec vous, sur les traces du bienheureux Jean-Paul II et de Benoît XVI. Désormais
nous sommes proches de la prochaine étape de ce grand pèlerinage de la Croix du Christ.
Je regarde avec joie vers juillet prochain, à Rio de Janeiro ! Je vous donne rendez-vous
dans cette grande ville du Brésil ! Préparez-vous bien, surtout spirituellement dans
vos communautés, pour que cette Rencontre soit un signe de foi pour le monde entier. Vivons
la joie de marcher avec Jésus, d’être avec lui, en portant sa croix, avec amour, avec
un esprit toujours jeune ! Demandons l’intercession de la Vierge Marie. Elle nous
enseigne la joie de la rencontre avec le Christ, l’amour avec lequel nous devons le
regarder sous la croix, l’enthousiasme du cœur jeune avec lequel nous devons le suivre
en cette Semaine sainte et dans toute notre vie. Amen.