2013-03-22 18:41:40

Le leader de la gauche chargé de former le gouvernement italien


Le président italien Giorgio Napolitano a confié vendredi au chef de la gauche italienne, Pier Luigi Bersani, la difficile tâche de former un nouveau gouvernement qui ait le soutien du Parlement en dépit d'une absence de majorité claire au Sénat.
« J'ai donné à M. Bersani la tâche de vérifier l'existence d'un soutien parlementaire sûr à un gouvernement », a déclaré M. Napolitano à l'issue de 48 heures de consultations avec les principaux dirigeants politiques du pays.
M. Napolitano a insisté sur la volonté des Italiens de « changement décisif », ajoutant : « On ne peut pas ignorer la force du malaise social ni l'insatisfaction vis-à-vis du système des partis », a-t-il dit, faisant nommément allusion au score important réalisé par le Mouvement 5 étoiles (M5S) de l'ex-comique Beppe Grillo.
Pour sa part, M. Bersani, qui va entamer dès à présent ses consultations avec les forces politiques italiennes et doit en rendre compte « le plus tôt possible » au chef de l'Etat, a promis de mettre en œuvre « le changement nécessaire attendu par les Italiens », ainsi qu'un « parcours de réformes constitutionnelles et électorales ».
Sans surprise
La presse italienne donnait pour acquis vendredi que M. Bersani, dont la coalition a remporté le plus de voix aux élections législatives de fin février, sans parvenir cependant à avoir la majorité absolue dans les deux chambres, se verrait offrir cette possibilité.
La coalition de gauche de M. Bersani dispose de la majorité absolue à la Chambre des députés mais elle n'a que la majorité relative au Sénat. Or, pour pouvoir gouverner, le Président du conseil italien doit avoir la confiance des deux chambres, qui ont le même poids dans la vie politique.
Aujourd'hui, la coalition de gauche de M. Bersani a le plus grand mal à trouver des alliés au Sénat. Le chef de la gauche s'échine en vain depuis des semaines à obtenir à la chambre haute le soutien du M5S, qui a cristallisé le vote contestataire et est arrivé en troisième position derrière la droite menée par Silvio Berlusconi.
Son leader, l'ex-humoriste Beppe Grillo, lui a claqué la porte au nez à plusieurs reprises, la dernière fois jeudi lors de sa rencontre avec M. Napolitano, auquel il a confirmé que le M5S ne voterait pas la confiance à un gouvernement Bersani.
L'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, dont la formation de droite est arrivée deuxième aux élections, propose quotidiennement « une grande coalition dans l'intérêt du pays » avec M. Bersani, mais ce dernier rejette avec la même régularité toute idée d'accord avec la droite.
« La mission que le chef de l'Etat va confier aujourd'hui à M. Bersani est à la limite du téméraire », prévoit le quotidien de gauche La Repubblica. M. Bersani va tenter de rassembler une majorité de parlementaires, y compris au Sénat, sur un programme en huit points qui contient de nombreuses revendications chères également au M5S.
La droite de Berlusconi, deuxième force politique du pays
De son côté, la droite de M. Berlusconi ne croit pas à un gouvernement de gauche et se raccroche à l'espoir que M. Bersani sera au bout du compte contraint de se tourner vers elle pour parvenir à une majorité parlementaire et éviter un retour aux urnes.
« La tentative de M. Bersani va échouer car il faut disposer d'une majorité stable », prédisait déjà vendredi matin Maurizio Gasparri, ex-ministre de Silvio Berlusconi.
« Mais quel que soit le gouvernement qu'il parvient à former, s'il y arrive, il aura une durée de vie très courte, sûrement une année, pour mettre en place les réformes les plus importantes, et ensuite il y aura sûrement de nouvelles élections, qui pourraient coïncider avec les élections européennes au printemps prochain », a confié à l'AFP James Walston, professeur à l'université américaine de Rome.
Selon ce dernier, « les institutions européennes sont très inquiètes. Parce que s'il n'y a pas de gouvernement en Italie, toute les réformes que Monti a menées vont s'arrêter. Ce serait dangereux, et avec la crise chypriote ça pourrait être catastrophique. »
AFP
(Photo : Pier Luigi Bersani, leader du Parti démocrate, au palais présidentiel du Quirinal à Rome, vendredi 22 mars)







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