Cardinal Raï : Une fois élu, je me suis dit "voilà, ça ne peut être que lui"
Le pape François « nous connait, il connait nos difficultés et cela me donne l’espoir
qu’il fera beaucoup ». Créé cardinal lors du cinquième consistoire du pontificat de
Benoît XVI en novembre 2012, le cardinal libanais Bechara Boutros Raï a vécu ses premières
congrégations générales et son premier conclave la semaine dernière au Vatican.
Le
77ème ne connaissait pas personnellement le cardinal Jorge Mario Bergoglio,
seulement « de renommée » « qu’il était capable, ouvert ». Déjà quand les cardinaux
cherchaient un successeur à Jean Paul II, se rappelle le cardinal Raï, « j’entendais
toujours dire : il y a un cardinal Bergoglio et de fait quand je suis arrivé ici,
j’ai demandé à quelqu’un qui est Bergoglio, il me l’a indiqué. Mais je l’ai salué
seulement après son élection » Le cardinal libanais Bechara Boutros Raï est
interrogé par Marie Duhamel
Le cardinal
Bechara Raï raconte son expérience lors du conclave. « Nous avons vécu la vocation
divine dans la prière, dans la consultation et le suffrage, nous sommes arrivés à
identifier la personne voulue, selon notre foi, par le Seigneur même ». « Quand on
parle d’une personne qui un jour pourrait être pape, c’est quelqu’un qui émerge qui
a des caractéristiques que d’autres n’ont pas. En le voyant, il est tout normal et
je me demandais : pourquoi lui ? Pourquoi pas d’autres ? Il y a beaucoup de cardinaux
magnifiques, de grandes personnalités, ils ont eu quelques voix aussi, mais voilà
que c’est lui. Et une fois élu, je me suis dit, voilà ! Ça ne peut être que lui !
»
Son enthousiasme a-t-il été partagé par les chrétiens libanais ? Sans hésitation,
le cardinal Raï parle d’une « joie énorme qui a rempli les cœurs partout dans le monde
». Le patriarche maronite raconte que tant de messages sont arrivés « de chrétiens,
mais aussi de musulmans ». Il évoque une véritable « vénération pour la personne du
pape, quel qu’il soit ». Aussi, les Libanais ont accueilli le pape avec « enthousiasme
», « il sont rendus grâce pour ce don que le Seigneur a donné à son Eglise et cela
a donné une grande espérance pour le peuple au Moyen-Orient, surtout qu’ils regardent
toujours vers le Saint-Siège pour implorer pour la paix, pour demander la justice,
pour que les guerres terminent, surtout que nous vivons une période très critique
au Moyen Orient ».
Personne ne regarde plus d’où il vient, il est le pape
proche de chacun de nous
Le pape émérite Benoît XVI était très attentif
à la situation des chrétiens d’orient, au berceau du christianisme, qu’en sera-t-il
avec le nouveau pape argentin ? « Dans l’Eglise, il n’y a plus de distance (…) nous
sommes le corps du Christ ». Aujourd’hui, « personne ne regarde plus d’où il vient.
Maintenant, c’est le pape. Il est proche de chacun de nous. Et nous, nous nous trouvons
chacun chez soi ». Par ailleurs, souligne le cardinal Raï, le pape Francesco connait
« de près » notre communauté libanaise et maronite en Argentine. « Quand je l’ai salué
et que je lui ai présenté mes félicitations et obédience, je lui ai dit que j’irais
en Argentine, alors il m’a dit Oui ! je connais bien ! Il m’a parlé de certains détails.
Ça m’a fait plaisir qu’il connaisse notre communauté, nos problèmes. Cela nous donne
beaucoup d’espoir que ce pape pourra faire beaucoup. » (Photo: le cardinal Bechara
Rai en compagnie du cardinal Tagle)