"Je porte le nom de François, car je voudrais une Eglise pauvre, pour les pauvres
"
Dès 9 heures samedi matin des milliers de journalistes ont fait la queue pour pouvoir
rencontrer le Pape lors d’une audience à 11 heures. Plus de 6 000 personnes venant
de 64 pays du monde ont pu rencontrer le Pape François en Salle Paul VI, la salle
des audiences générales au Vatican. Les journalistes, pour certains perches et
caméras en main, travaillaient, mais pour d’autres dont de nombreux Italiens accompagnés
de leur famille, l’émotion était grande et ils ont commencé à lancer des « Viva il
Papa ! » à peine celui-ci a fait son entrée en Salle Paul VI. Sous de longs applaudissements,
le Pape François s’est avancé pour rejoindre le centre de l’estrade. La démarche est
balancée, ses chaussures toujours noires. (nrdl, les chaussures du Pape sont traditionnellement
rouges)
Le Pape aux journalistes : "Vous avez travaillé, n’est-ce pas ?"
«
Chers amis, je suis heureux de vous rencontrer au début de mon ministère, vous qui
avez travaillé à Rome en cette période si intense ; période qui a commencé avec l’annonce
surprenante le 11 février dernier de mon prédécesseur vénéré Benoît XVI. » C’est avec
ces mots que le Pape François obtient et le silence, puis la sympathie. Complice,
le Pape s’adresse à la foule déployée sous ses yeux et complice leur dit : « Vous
avez travaillé, n’est-ce pas ? Vous avez travaillez et comment ! »
Le Pape
a remercié tous ceux qui se sont impliqués ces derniers jours pour « narrer au monde
» les événements qui se sont déroulés à Rome. « Vous avez parlé du Saint-Siège, de
l’Eglise, de ses rites et traditions, de sa foi et du rôle du pape et de son ministère.
» Il a particulièrement remercié ceux qui ont sur observé et présenter ces événements
en tenant compte de la perspective de lecture la plus juste, celle de la foi »
"l'Eglise
n’a pas une nature politique, mais essentiellement spirituelle"
Pour le
Pape François, les événements ecclésiaux ne sont certainement pas plus compliqué que
ceux d’ordre politique ou économique, mais ils ont une caractéristique de fond particulière
: « ils répondent à une logique qui n’est pas principalement mondaine » Le Pape a
ainsi invité les journalistes à mieux en comprendre l’essence : « L’Eglise tout en
étant une institution humaine, historique, avec tout ce que cela comporte, elle n’a
pas une nature politique, mais essentiellement spirituelle : c’est le peuple de Dieu
qui marche à la rencontre de Jésus Christ (…) Le Christ est au centre, la référence
fondamentale, le cœur de l’Eglise. Sans lui, Pierre et l’Eglise n’existeraient pas
et n’auraient pas de raison d’exister »
Le choix du nom François
«
Certains ne savait pas pourquoi l’évêque de Rome a voulu s’appeler François. Certains
ont pensé à Francesco Saverio, Saint François de Sales et aussi à Saint François d’Assise.
Je vais vous raconter l’histoire ». Face aux journalistes, le Pape leur fait faire
un voyage inattendu. Il leur faire revivre le conclave pendant un instant : « Pendant
l’élection, dit-il en improvisant, j’avais à mes côtés l’archevêque émérite de Sao
Paolo et préfet émérite pour le clergé, le cardinal Claudio Hummes : un grand ami.
Et quand les choses ont commencé à devenir un peu “dangereuse” pour moi , lui m’a
réconforté. Et quand nous sommes arrivés aux deux tiers de votes (nrdl, en sa faveur)
et que tous se sont mis à applaudir comme c’est l’usage, il m’a embrassé et a dit
« n’oublie pas le pauvres ! ». Cette parole est entrée là (il indique sa tête du doigt)
: les pauvres… les pauvres… Et soudain, j’ai pensé à François d’Assise. Puis aux guerres
alors que le scrutin se prolongeait jusqu’à ce que le décompte s’achève. François
est l’homme de la paix, l’homme qui aime et protège la Création, et en ce moment où
nous avons une relation qui n’est pas si bonne avec la Création... Il est l’homme
qui nous donne cet esprit de paix, l’homme pauvre… Ah comme je voudrais une église
pauvre, pour les pauvres ! »
Un esprit de légèreté post-élection. François
a eu autres propositions pour son nom de souverain pontife. Il le raconte lui-même
très bien
Le
pape a enfin conclut cette rencontre en donnant sa bénédiction en espagnol. Il l’a
fait pour chaque personne présente, en respect de la conscience de chacun. Car il
le sait, il l’a d’ailleurs dit : étaient présents en salle Paul VI, des personnes
qui n’appartiennent pas à l’Eglise ou ne sont pas croyants.
Discours du
Saint Père aux représentants des moyens de Communication Chers amis,Au
début de mon ministère sur le Siège de Pierre, je suis heureux de vous rencontrer,
vous qui avez travaillé ici à Rome en cette période si intense, commencée par la surprenante
annonce de mon vénéré Prédécesseur Benoît XVI, le 11 février dernier. Je salue cordialement
chacun de vous. Ces derniers temps, le rôle des mass-media est allé toujours
crescendo, si bien qu’il est devenu indispensable pour raconter au monde les événements
de l’histoire contemporaine. Je vous adresse donc un remerciement spécial pour votre
service compétent des jours derniers, – vous avez travaillé, hé ! vous avez travaillé
! – au cours desquels les yeux du monde catholique et pas seulement, se sont tournés
vers la Ville Éternelle, en particulier vers ce territoire qui a pour « centre de
gravité » la tombe de saint Pierre. Pendant ces semaines vous avez eu l’occasion de
parler du Saint-Siège, de l’Église, de ses rites et traditions, de sa foi et en particulier
du rôle du Pape et de son ministère. Un remerciement particulièrement chaleureux
va à ceux qui ont su observer et présenter ces événements de l’histoire de l’Église
en tenant compte de la perspective plus juste dans laquelle ils doivent être lus,
celle de la foi. Les événements de l’histoire demandent presque toujours une lecture
complexe, qui parfois peut aussi comprendre la dimension de la foi. Les événements
ecclésiaux ne sont certainement pas plus compliqués que les événements politiques
ou économiques ! Cependant ils ont une caractéristique fondamentale particulière :
ils répondent à une logique qui n’est pas principalement celle des catégories, pour
ainsi dire, mondaines, et justement pour cela il n’est pas facile de les interpréter
et de les communiquer à un public vaste et varié. En effet l’Église, tout en étant
certainement aussi une institution humaine, historique, avec tout ce que cela comporte,
n’a pas une nature politique, mais essentiellement spirituelle : elle est le Peuple
de Dieu, le saint Peuple de Dieu, qui marche vers la rencontre avec Jésus Christ.
C’est seulement en se mettant dans cette perspective qu’on peut rendre pleinement
raison de ce que l’Église catholique accomplit. Le Christ est le Pasteur
de l’Église, mais sa présence dans l’histoire passe par la liberté des hommes : parmi
eux l’un est choisi pour servir comme son Vicaire, Successeur de l’Apôtre Pierre,
mais le Christ est le centre, non le Successeur de Pierre : le Christ. Le Christ est
le centre. Le Christ est la référence fondamentale, le cœur de l’Église. Sans lui,
Pierre et l’Église n’existeraient pas et n’auraient pas de raison d’être. Comme l’a
répété plusieurs fois Benoît XVI, le Christ est présent et guide son Église. Dans
tout ce qui est arrivé, le protagoniste est, en dernière analyse, l’Esprit-Saint.
Il a inspiré la décision de Benoît XVI pour le bien de l’Église ; il a orienté les
Cardinaux dans la prière et dans l’élection. Chers amis, il est important
de tenir compte de cet horizon interprétatif, de cette herméneutique, pour mettre
au point le cœur des événements de ces jours-ci. De là naît avant tout
un remerciement renouvelé et sincère pour les fatigues de ces jours particulièrement
prenants, mais aussi une invitation à chercher à connaître toujours plus la vraie
nature de l’Église, et aussi son cheminement dans le monde, avec ses vertus et avec
ses péchés, et connaître les motivations spirituelles qui la guident et qui sont les
plus authentiques pour la comprendre. Soyez certains que l’Église, pour sa part, prête
une grande attention à votre précieux travail ; vous avez la capacité de recueillir
et d’exprimer les attentes et les exigences de notre temps, d’offrir les éléments
pour une lecture de la réalité. Votre travail a besoin d’étude, de sensibilité, d’expérience,
comme tant d’autres professions, mais il implique une attention particulière par rapport
à la vérité, à la bonté et à la beauté ; et cela nous rend particulièrement proches,
parce que l’Église existe pour communiquer justement ceci : la Vérité, la Bonté et
la Beauté « en personne ». Il devrait apparaître clairement que nous sommes tous appelés
non à nous communiquer nous-mêmes, mais à communiquer cette triade existentielle que
forment vérité, bonté et beauté. Certains ne savaient pas pourquoi l’Évêque
de Rome a voulu s’appeler François. Certains pensaient à François Xavier, à François
de Sales, et aussi à François d’Assise. Je vais vous raconter l’histoire. À l’élection,
j’avais à côté de moi l’Archevêque émérite de Sao Paulo et aussi le Préfet émérite
de la Congrégation pour le Clergé, le Cardinal Claudio Hummes : un grand ami, un grand
ami ! Quand la chose devenait un peu dangereuse, lui me réconfortait. Et quand les
votes sont montés aux deux tiers, l’applaudissement habituel a eu lieu, parce que
le Pape a été élu. Et lui m’a serré dans ses bras, il m’a embrassé et m’a dit : «
N’oublie pas les pauvres ! » Et cette parole est entrée en moi : les pauvres, les
pauvres. Ensuite, aussitôt, en relation aux pauvres j’ai pensé à François d’Assise.
Ensuite j’ai pensé aux guerres, alors que le scrutin se poursuivait, jusqu’à la fin
des votes. Et François est l’homme de la paix. Et ainsi est venu le nom, dans mon
cœur : François d’Assise. C’est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix,
l’homme qui aime et préserve la création ; en ce moment nous avons aussi avec la création
une relation qui n’est pas très bonne, non ? C’est l’homme qui nous donne cet esprit
de paix, l’homme pauvre… Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres
! Après, certains ont fait diverses plaisanteries : « Mais, tu devrais t’appeler Adrien,
parce que Adrien VI a été le réformateur, il y a besoin de réformer… ». Et un autre
m’a dit : « Non, non : ton nom devrait être Clément ». « Mais pourquoi ? ». « Clément
XV : ainsi tu te venges de Clément XIV qui a supprimé la Compagnie de Jésus ! » Ce
sont des plaisanteries… Je vous aime beaucoup, je vous remercie pour tout ce que vous
avez fait. Et je pense à votre travail : je vous souhaite de travailler avec sérénité
et avec fruit, et de connaître toujours mieux l’Évangile de Jésus Christ et la réalité
de l’Église. Je vous confie à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Étoile
de l’évangélisation. Et je vous souhaite ce qu’il y a de meilleur à vous et à vos
familles, à chacune de vos familles. Et de grand cœur je vous adresse à tous ma Bénédiction.
Merci.
(Paroles en espagnol)Je vous avais dit que je vous aurais
donné de grand cœur ma bénédiction. Étant donné que beaucoup d’entre vous n’appartiennent
pas à l’Église catholique, d’autres ne sont pas croyants, j’adresse de tout cœur cette
bénédiction, en silence, à chacun de vous, respectant la conscience de chacun, mais
sachant que chacun de vous est enfant de Dieu. Que Dieu vous bénisse