Mardi soir, lorsqu'à 20 heures 40 la première fumée noire du Conclave est sortie de
la cheminée de la Chapelle Sixtine, pas mal de monde s'est étonné de sa noirceur et
de sa densité, la plupart des journalistes en direct parlant "d'une épaisse fumée
noire", certains allant même jusqu'à insister sur cette "fumée noire, si noire" !
La
fameuse fumée qui signale, si elle est blanche que l'Eglise catholique a un nouveau
pape, si elle est noire que le vote n'a abouti à aucun résultat, n'est pas le produit
des seuls bulletins brûlés. "Nous utilisons des cartouches fumigènes", a expliqué
mardi à l'Agence France Presse Paolo Sagretti qui s'est occupé de l'installation du
système de destruction des bulletins de vote dans la Chapelle Sixtine.
A gauche
de l'entrée, deux poêles ont été installés, l'un pour consumer les bulletins de vote,
l'autre où des produits chimiques sont introduits pour produire de la fumée : noire
en cas d'insuccès, blanche quand le pape est élu. Les deux sont reliés à un même conduit
qui débouche sur le toit de la chapelle.
Fumée noire...fumée blanche avec
les cloches de Saint-Pierre
Cette manière un peu archaïque et pour le moins
originale d'informer, à l'époque de Twitter, reste le premier signal pour le monde
extérieur, même si désormais les cloches de la Basilique Saint-Pierre sonnent aussi,
mais avec un léger retard par rapport à la fumée.
A l'origine, la fumée blanche
était obtenue en ajoutant de la paille humide aux bulletins brûlés, tandis que la
noire était obtenue en ajoutant une sorte de goudron. Après plusieurs épisodes où
une fumée grise, plus ou moins foncée ou claire, a induit en erreur les fidèles, le
Vatican a instauré en 2005 ce nouveau système considéré comme étant plus fiable.
Chlorate,
perchlorate, anthracène et du....soufre
Toutefois lors de l'élection de
Joseph Ratzinger, le 19 avril 2005, le mécanisme n'était apparemment pas très au point
puisque dans un premier temps la fumée était sortie gris clair. Pour obtenir de
la fumée noire, le Vatican utilise un mélange de perchlorate de potassium, d'anthracène
et de soufre tandis que la fumée blanche est produite avec un mélange de chlorate
de potassium, de lactose et de colophane, selon des informations diffusées par le
Saint-Siège sur son site.
Un tableau de contrôle électronique permet de choisir
lequel des deux composés utiliser et ce dernier est introduit dans le poële en même
temps que les vrais bulletins qui seront détruits par le feu. (avec Afp)