2013-03-07 19:53:20

Venezuela : Chavez et l'église, une relation houleuse


Du fait de la vacance du siège apostolique, et de l’absence de Pape en ce moment au Vatican, c’est le collège cardinalice qui a envoyé jeudi 7 mars un message de condoléances après le décès mardi dernier du président vénézuélien, Hugo Chavez. En salle du Synode au Vatican, lors de la 5ème congrégation générale, le doyen du sacré collège, le cardinal Angelo Sodano a lu un télégramme au nom de tous, adressé aux plus hautes autorités de l’Etat vénézuélien.

Mercredi, l’archevêque de Caracas, le cardinal Jorge Urosa Savino a indiqué qu’il célèbrerait ce vendredi à 19 heures à Rome, une messe à la mémoire du défunt. Il a par ailleurs invité les autorités à « appliquer les mécanismes prévus par la constitution » et à garantir « le calme et l’harmonie du peuple ». Ce n’est pas la première fois que l’Eglise vénézuélienne insiste sur ce respect de Constitution au nom de la démocratie, car l’heure n’a pas toujours été à l’apaisement lors des 14 années au pouvoir d’Hugo Chavez. Les relations entre le bolivarien et l’Eglise ont même été houleuses.

Les explications de Manuella Affejee RealAudioMP3

Le 11 mai 2006, Hugo Chavez était reçu par Benoît XVI en audience au Vatican. De manière exceptionnelle, le Pape, aujourd’hui émérite, avait remis une lettre au président vénézuélien. Le Saint-Siège était inquiet et rappelait dans ce document le fait que le Pape est libre dans les nominations épiscopales. Benoît XVI s’inquiétait d’un projet de réforme de l’enseignement dans laquelle la religion n’aurait plus eu sa place et exigeant enfin le maintien d’une indépendance pour les médias catholiques.

Un message que le président Chavez ne semble pas avoir entendu puisqu’en 2010, contre la Constitution vénézuélienne, il eut l’intention de confisquer la chaîne de télévision appartenant à l'archevêché de Caracas, Vale TV, pour « la remettre au peuple ».

En 2009, des prêtres inquiets mettaient en garde contre certaines atteintes à la démocratie dans leurs homélies, avant de subir des intimidations du pouvoir. En 2009, dans un entretien accordé, apparemment de manière anonyme, à Aide à l’Eglise en Détresse, un évêque vénézuélien affirmait : «
sans voir que l’Eglise catholique ne cherche qu’à faire entendre sa voix face à certaines injustices, Chavez estime que l’Eglise est une ennemie du socialisme du XXI° siècle chaque fois que celle-ci se montre critique vis-à-vis du gouvernement…».

L'Eglise pour un constant respect de la Constitution

En juillet dernier, la tension était à son comble. L’archevêque de Caracas s’était attiré les foudres du gouvernement qu’il avait accusé d’acheminer le pays vers une dictature marxiste. Le président Chavez l’avait traité de « troglodyte » et demandait la révision du Concordat avec l’Eglise. A la suite de ces déclarations respectives, le cardinal Urosa Savino était invité à s’exprimer à l’Assemblée nationale. Librement, il avait déclaré que le « socialisme marxiste » prôné par Hugo Chavez s’apparentait au communisme, rappelant également que la Constitution du pays garantissait les droits de chaque citoyen, et donc également des évêques, concernant « la participation libre » dans la vie nationale.

Les choses s’étaient apaisées jusqu’à un discours de campagne du Président sortant où le candidat Chavez se référait à Dieu et à la mission qu'il en aurait reçu. Ce discours suscita cette réaction de Mgr Baltazar Porras, interrogé par le journal La Verdad : «
Ce que je pense, et je le dis, c'est que certains manipulent la religion. [...] Avoir le pouvoir ne fait pas de vous un demi-dieu ». L’archevêque de Mérida poursuivant : «
Chavez se vend comme étant le Sauveur d'une Apocalypse. Son message est clair: se présenter éternellement aux élections afin d'être réélu jusqu'à la mort ».

A la suite de son opération mi-décembre, les évêques avaient à plusieurs reprises appelé à prier pour le malade, demandant cependant toujours le respect de la Constitution, car rappelait début janvier Mgr Diego Rafael Padrón Sánchez, l’archevêque de Cumaná et président de la conférence épiscopale, « Ce qui est en jeu, c’est le bien commun du pays et la défense de l’éthique »

Les funérailles nationales d’Hugo Chavez sont prévues vendredi. au Venezuela la constitution prévoit ne nouvelle élection présidentielle dans les 30 jours.


Photot : Une messe le 12 janvier dernier pour la convalescence d'Hugo Chavez.







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