C’est le vice-président Nicolas Maduro qui a annoncé à la télévision publique la mort
d’Hugo Chavez. « Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique
que nous puissions annoncer à notre peuple. A 16h25 aujourd'hui 5 mars, est mort notre
commandant président Hugo Chavez Frias. » a-t-il dit sobrement, la voix éraillée
par le chagrin. Le président vénézuelien n’a pas survécu au cancer qui le rongeait
depuis plusieurs mois. Il est décédé à l’hôpital militaire de Caracas à l’âge de 58
ans. Depuis plusieurs semaines, le pays vivait au rythme des rumeurs et démentis autour
de la santé de son leader, mais ses proches ne faisaient plus mystère de la dégradation
de sa santé.
Au Venezuela, l’onde de choc est immense après la perte de celui
qui aura dirigé le pays pendant 14 ans et devenu une figure presque sacrée. De nombreux
commerces et l'ensemble des transports publics ont immédiatement cessé de fonctionner
à Caracas alors que des milliers de partisans du président, assommés par la nouvelle
sont sortis dans la rue. Sept jours de deuil officiel ont été annoncés et des funérailles
nationales grandioses sont prévues vendredi, où sont attendus notamment de nombreux
chefs-d’état latino-américains, en particulier des « régimes amis » bolivien, équatorien
ou nicaraguayen. L’armée et la police ont été déployées dans le pays pour « protéger
le peuple et garantir la paix » a souligné le vice-président.
Une figure
charismatique et controversée
Chavez s’était forgé une figure d’homme charismatique
et intransigeant, aux réparties mémorables, pourfendeur de l’impérialisme américain.
Il avait amorcé la « révolution bolivarienne » une politique qui visait à concilier
des positions marxisantes – l'égalité et la distribution de richesses – avec un nationalisme
fervent inspiré de Simon Bolivar, héros des indépendances sud-américaines au XIX°
siècle. Chavez jouissait d’une grande popularité auprès des couches populaires, en
raison de la mises ne place de nombreux programmes sociaux, financés par la rente
pétrolière, dont le Venezuela est le cinquième exportateur mondial.
Mais malgré
sa fougue et son charisme, la popularité de Chavez s’était effritée ces derniers mois,
en raison d’un fort taux de criminalité dans le pays et des manœuvres de son camp
pour se maintenir au pouvoir. Ses relations avec l’Église catholique étaient en dent
de scie. Le cardinal Urosa, archevêque de Caracas a longtemps soupçonné le président
d’acheminer le pays vers une dictature marxiste.
(Photo: place Simon Bolivar
à Caracas, mardi 5 mars)