Ce fut un dimanche aux parfums printaniers sur Rome, mais à l’atmosphère étrange Place
Saint Pierre. Des milliers de personnes faisaient la file pour visiter la Basilique,
les yeux rivés sur les volets fermés des appartements pontificaux, l’un des signes
visibles de la Vacance du Siège Apostolique, la Sede Vacante.
Ce matin, rendez-vous
est fixé à 9.30 pour la première congrégation générale. Les Cardinaux, électeurs et
non électeurs, se retrouveront dans la Nouvelle Salle du Synode au Vatican, près de
la Salle Nervi, celle des audiences générales. Premiers échanges, et premières décisions
pratiques pour l’organisation du Conclave.
Bernard Decottignies
Qu’ils
soient tous arrivés ou non, les cardinaux déjà présents à Rome se retrouvent ce matin
pour la toute première congrégation générale. La seconde est prévue à 17 heures. Elles
devraient se poursuivre toute la semaine, et permettre aux cardinaux de se rencontrer,
pour certains de mieux faire connaissance, d’échanger sur les défis auxquels fait
face l’Eglise, avec à terme le souci de faire émerger le profil idéal du prochain
Pape, et donc de décider alors de la date d’ouverture du Conclave, dernière étape
cruciale, celle de l’élection du successeur de Benoît XVI.
Un Conclave qui
ne sera convoqué (par vote sur la date) que lorsque tous les électeurs seront présents.
115 sont annoncés. C'est aussi en "Congrégation générale" que sera donné le feu vert
à l'aménagement de la Chapelle Sixtine, siège du conclave, qui sera alors fermée aux
touristes. C’est toujours lors de ces réunions à huis-clos que sont prises jour après
jour d’autres décisions techniques pour l’organisation du Conclave. Des réunions indispensables.
Car, rappelons-le, l’élection d’un Pape n’est précédée d’aucune campagne électorale.
Aucun cardinal ne se présente comme candidat, et c’est donc à la faveur des
rencontres, des discussions, de certains exposés, que certaines personnalités vont
s’imposer. Beaucoup d’encre a déjà coulé dans les médias : l’âge sera-t-il déterminant
?, le continent ?, les lourds dossiers de la lutte contre la pédophilie et de Vatileaks
vont-ils peser ? Quel sera l’influence des cardinaux de la Curie ? Les clivages souvent
avancés, entre cardinaux progressistes et conservateurs sont-ils dépassés ? Beaucoup
de questions pour autant d’arguments qui entreront certainement en jeu, mais il serait
hasardeux de trop s’y arrêter. Et prématuré. Mais surtout, ne l’oublions pas, l’élection
d’un Pape relève de Dieu.
Les aveux du Cardinal Keith O'Brien
L’un
des deux absents annoncés parmi les cardinaux électeurs, le cardinal britannique Keith
O'Brien, qui a démissionné il y a une semaine de son poste d'archevêque juste avant
ses 75 ans mais sur fond d'allégations de conduite indécente, a reconnu dimanche,
après avoir nié, avoir eu un "comportement sexuel" inapproprié, et a demandé "pardon"
aux personnes qu'il a "offensées".
"Je reconnais que mon comportement sexuel
a été parfois en-deçà des standards qu'on attendait d'un prêtre, d'un archevêque et
d'un cardinal", a-t-il déclaré dans un communiqué. Ses déclarations interviennent
après la publication, le 24 février dans le journal britannique The Observer, d'un
article où trois prêtres et un ancien curé accusaient le cardinal O'Brien d'avoir
eu des "comportements indécents" à leur égard à partir des années 80.