Benoît XVI, un pape qui a changé le visage de l'Eglise
Ces derniers jours, plusieurs cardinaux ont exprimé leur ras-le-bol face à la gestion
de la Curie romaine. En revanche les médias ont salué les adieux historiques et émouvants
du Pape, son humble courage tout en constatant que si Joseph Ratzinger quitte le Saint-Siège,
les intrigues et les scandales demeurent. Certains journalistes qui l’avaient critiqué
ont même fait leur mea culpa. Les nombreuses réactions à la renonciation de Benoît
XVI dessinent du pape émérite un profil spirituel impressionnant, insistant sur sa
liberté intérieure, sa profonde humilité et son discernement.
Benoît XVI
a marqué l'Eglise avec des actes forts
L’attente traduit l’urgence spirituelle
d’une Eglise plus incarnée dans ce monde. Beaucoup espèrent que le prochain successeur
de Pierre fasse preuve d’ouverture et qu’il n’ait pas peur de dire la vérité, qu’il
affronte et surmonte les nombreux défis, lourdeurs de la structure vaticane, baisse
des vocations et de la pratique religieuse, scandales et divisions. Si son pontificat
n’a pas toujours été lisible, Benoît XVI a posé en huit ans des actes forts qui auront
marqué l’Eglise. S’il n’a pas réformé la Curie, comme beaucoup l’auraient souhaité,
s’il n’a peut-être pas su s’entourer comme certains le lui reprochent, Benoît XVI
a toutefois pris une série de dispositions normatives importantes : il a redéfini
le cadre juridique de la forme extraordinaire du rite romain, l’usage de la liturgie
en vigueur en 1962 ; il a créé une structure canonique spécifique destinée à accueillir
et intégrer des institutions et groupes anglicans au sein de l’Eglise catholique ;
il a approuvé de nouvelles normes sur les délits les plus graves, comme les abus sexuels
; il a créé un nouveau dicastère : le conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation
; il a renforcé la prévention et la lutte contre les activités illégales dans les
domaines financier et monétaire en créant notamment une « Autorité d’information Financière
».
Les menaces les plus dangereuses pour l’Eglise viennent de l’intérieur
Ces
mesures novatrices, on a tendance à l’oublier, ont suscité bien des résistances dans
l’Eglise. Un de ses premiers gestes avait été de fusionner le Conseil pontifical pour
le dialogue interreligieux avec le Conseil de la Culture. Il a été très vite contraint
de revenir sur cette décision. C’est ce Pape qui a repris en main fermement la puissante
congrégation des Légionnaires du Christ. En 2010, un vaticaniste italien chevronné
relevait que le timide intellectuel était descendu de sa tour d'ivoire, qu’il s’était
efforcé de changer les modes de fonctionnement d’une Eglise secouée par des crises
et qu’il montrait à la barre une ferme détermination. Avec son extraordinaire lucidité,
Benoît XVI a répété à plusieurs reprises que les menaces et les tentations les plus
dangereuses pour l’Eglise venaient de l’intérieur.
Romilda Ferrauto
(photo
: Calendriers en vente devant le palais de Castel Gandolfo)