Le 22 septembre 2011, Benoît XVI est sur ses terres, à Berlin. Invité à s’exprimer
devant le Bundestag, le parlement, le Pape fait une lecture originale de l’émergence
du mouvement écologique allemand dans les années 70 et crée la surprise. Pendant de
longues minutes, il est applaudi debout par les députés. Une fois encore, le Pape
n’est pas là où on l’attend. Dans un pays où la question écologique est particulièrement
sensible, le souverain pontife est allé sur un terrain où il serait écouté.
De
l’écologie, Benoît XVI en a parlé tout le long de son pontificat. Une écologie de
l’homme qui prend racine-oserait-on dire-dans un développement humain intégral théorisé
dans son encyclique Caritas in Veritate (2009). « Lorsque l'Eglise catholique prend
la défense de la Création, œuvre de Dieu, elle ne doit pas seulement défendre la terre,
l'eau et l'air (...) mais aussi protéger l'homme contre sa propre destruction » argumente
Benoît XVI. Un thème qui sera récurrent dans ses interventions publiques.
Une
écologie de l’homme
Si les journalistes ont noté avec amusement les panneaux
solaires fixés sur le toit de la salle Paul VI ou découvert que la papamobile est
désormais un modèle hybride, ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. A temps
et à contretemps, Benoît XVI n’a eu de cesse de remettre l’homme en perspective dans
le dessin de la Création, un homme qui ne peut rester autosuffisant, centré sur lui-même.
Cette vision vient de loin. Alors qu’il était encore archevêque de Munich,
Joseph Ratzinger avait prêché une retraite de Carême en relisant les premiers chapitres
de la Genèse, qui était une véritable apologie de la nature. Et pour celui qui deviendra
Pape, la sauvegarde de l’homme est intrinsèquement liée à la sauvegarde de la Création.
Une tradition renouvelée
L’écologie n’est pourtant pas l’apanage
du pontificat du pape allemand. Paul VI fut le premier, en 1972, à alerter l’humanité
pour qu’elle respecte la biosphère et mette un frein à la poussée aveugle du progrès
matériel, et Jean-Paul II, dès son élection en 1978 a déclaré Saint-François d’Assise
patron des écologistes.
Mais Benoît XVI a tenu à marquer son action et appuyer
ses discours. En Novembre 2009, il se rend à la FAO, l’organisation des Nations Unies
pour l’agriculture et l’alimentation dont le siège est à Rome. « Il est nécessaire
de contester le recours à certaines formes de subventions qui perturbent gravement
le secteur agricole » souligne-t-il, fustigeant l'égoïsme et la spéculation céréalière.
Dernière initiative en date il y a quelques jours, le 2 février dernier, où
le Pape envoie un message de soutien à l’IFAD, le fonds international de développement
agricole dont le conseil des gouverneurs est réuni dans la capitale italienne. Benoit
XVI salue l’organisation qui met fait passer le développement durable avant la simple
assistance, vante la culture du don et le principe de gratuité.