L'Italie se réveille ingouvernable, sans majorité au Sénat
L'Italie s'est enfoncée dans une impasse lundi, avec une Chambre des députés à gauche
et un Sénat sans majorité, à l'issue d'élections marquées par le boom de l'ex-comique
Beppe Grillo et scrutées par des partenaires inquiets pour la troisième économie de
la zone euro.
"Le pays affronte une situation très délicate", a commenté dans
la soirée Pier Luigi Bersani, leader de la gauche. Sa coalition a remporté le plus
de voix dans les deux chambres du Parlement, mais elle n'obtient une majorité de sièges
qu'à la Chambre des députés.
Au Sénat, en revanche, en vertu de règles électorales
différentes, c'est la droite qui empocherait le plus de sièges. Surtout, aucune majorité
claire ne se dégage, même en cas d'une hypothétique alliance entre la gauche et le
centre du chef du gouvernement sortant Mario Monti.
L'autre option : il ne
semble pas impossible que la gauche puisse s’unir à la droite, en raison notamment
de la percée du vote protestataire. C’est l’analyse de Sergio Romano, éditorialiste
au Corriere della sera, interrogé par Antonino Galofaro :
"Un vote choc
qui nous donne un Parlement bloqué", titrait sur son site le Corriere della Sera. Seul
véritable vainqueur du scrutin, Beppe Grillo et son Mouvement 5 Etoiles (M5S) a su
séduire en surfant sur le rejet de la classe politique, la colère contre l'austérité,
la défiance à l'égard de l'Europe.
Catalyseur du malaise social dans un pays
en pleine récession économique (-2,2% en 2012), il a pris des voix aussi bien à la
droite qu'à la gauche avec un programme jugé "populiste" par ses adversaires : fin
du financement public des partis politiques, revenu minimum de 1.000 euros et référendum
sur l'euro. Selon les résultats officiels, il obtient aux alentours de 25% dans chacune
des deux chambres, devenant la troisième force politique du pays.
De son côté,
le chef du gouvernement sortant Mario Monti a perdu son pari de former une grande
force au centre puisque sa coalition ne remporte qu'environ 10% des voix dans chaque
Chambre. "Nous sommes très satisfaits" du résultat, a-t-il toutefois déclaré, rappelant
que sa coalition a vu le jour il y a seulement deux mois. Le Professore a exprimé
le voeu d'un "gouvernement qui fera mieux" que le sien "sans balayer les sacrifices
consentis par les Italiens" pour permettre l'assainissement du pays.
Quant
à Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011 et malgré des procès à
répétition dont un pour prostitution de mineure, il a opéré une remontée spectaculaire
en promettant d'abaisser les impôts et même rembourser une taxe foncière impopulaire
rétablie par Monti. "C'est un résultat extraordinaire" qui montre que "ceux qui croyaient
Berlusconi était fini devront y repenser", s'est félicité Angelino Alfano, secrétaire
général du parti du Cavaliere, le PDL.
La coalition de gauche de Pier Luigi
Bersani, qui remporte 29,5% des voix, s'adjuge la majorité des sièges à la Chambre
(340 des 630 sièges), grâce à un système qui accorde 54% des fauteuils à la formation
arrivant en tête. Mais au Sénat, où la prime de majorité est accordée par région,
les résultats donnent le centre gauche très loin de la majorité absolue des 158 sièges.
En terme de voix, la gauche remporte 31,63% des voix et la droite 30,71%.
Avec
AFP
(Photo: Pier Luigi Bersani, leader du Parti démocrate, pourrait contre
toute vraisemblance s'allier à la droite de Silvio Berlusconi, d'après l'éditorialiste
Sergio Romano)