Le cardinal ukrainien Lubomyr Husar, ancien archevêque majeur de Kiev, fête ses 80
ans ce mardi. Cette figure importante de l’Eglise gréco-catholique ne participera
donc pas au conclave chargé d’élire le successeur de Benoît XVI courant mars. "C’est
une chance, pas une tuile!". Dans une récente interview, le cardinal Husar, qui avait
participé à l’élection de Benoît XVI en 2005, affirme apprécier de ne pas avoir été
convoqué au conclave. Du fait qu’il est devenu très handicapé de la vue, cette tâche
lui aurait été très pénible.
Parti aux Etats-Unis durant la guerre
Né
le 26 février 1933 à Kiev (Ukraine), Lubomyr Husar quitte le pays avec ses parents
lors de la Seconde Guerre mondiale, pour s’installer aux Etats-Unis. Il est ordonné
prêtre le 30 mars 1958 pour l’éparchie de saint Basile des Ukrainiens à Stamford,
dans le Connecticut. Il enseigne au séminaire et devient curé d’une paroisse de New
York avant de se rendre à Rome en 1969 pour obtenir un doctorat en théologie, à l’Université
pontificale urbanienne.
Il entre au monastère des moines studites à Grottaferrata
(Italie) en 1972, dont il devient le supérieur un an plus tard. De 1973 à 1984, il
enseigne l’ecclésiologie à l’Université pontificale urbanienne. Puis il est ordonné
évêque en avril 1977. En 1993, après la chute du régime soviétique, Mgr Lubomyr Husar
retourne avec toute sa communauté à Lviv, en Ukraine. Il est élu auxiliaire de Mgr
Lubachivsky, l’archevêque majeur de Lviv en 1996, par le synode de son Eglise.
Quand
ce dernier meurt, le Synode des évêques gréco-catholiques d’Ukraine l’élit archevêque
majeur de Kiev le 25 janvier 2001, élection confirmée par Jean-Paul II. Il est créé
cardinal lors du consistoire du 21 février 2001. En août 2005, le cardinal Husar transfère
son siège à Kiev (capitale du pays, considérée par les orthodoxes slaves comme la
ville de leur baptême), dans une région à majorité orthodoxe. Ce transfert provoque
une réaction très vive de la part des orthodoxes russes. Il démissionne en février
2010, à l’âge de 77 ans.
Près de 5 millions de catholiques en Ukraine
En
Ukraine, quelque 5 millions de chrétiens se réclament du catholicisme. Ils relèvent
presque tous de l’Eglise gréco-catholique, une institution particulière qui, tout
en dépendant de l’Eglise romaine, conserve des traits communs avec les orthodoxes
tels que l’utilisation de la liturgie byzantine et la possibilité pour les hommes
mariés de devenir prêtres. Elle compte aujourd’hui une quinzaine d’évêques et près
de 2’200 prêtres, 750 moines, 1’100 religieuses et quelque 3’000 églises.
Depuis
des temps immémoriaux, l’Eglise catholique orientale ukrainienne demande avec insistance
au Saint-Siège l’élévation de son archevêché au rang de patriarcat. Le cardinal Husar
poursuit cette quête avec détermination, se targuant du soutien de Jean-Paul II. Mais
les orthodoxes russes voient d’un très mauvais œil cette réforme qu’ils considèrent
comme la marque d’un prosélytisme catholique avancé. La question divise la curie romaine,
car elle pourrait remettre en cause le dialogue avec l’Eglise orthodoxe.(Apic/Imedia)