Sede vacante, « le siège [étant] vacant ») est l’expression latine utilisée pour qualifier
la vacance du Siège apostolique, en d’autres mots la période durant laquelle l’Eglise
n’a plus de pape. Jusqu’ici elle survenait à la mort du pontife romain, cette fois,
fait exceptionnel, elle intervient avec la renonciation de Benoît XVI à sa charge,
renonciation librement et dûment manifestée. Comme annoncé, c’est le 28 février à
20 heures ( heure à laquelle sera effective la renonciation de Benoît XVI) que débutera
la vacance du siège apostolique.
Dès ce moment, le secrétaire d’Etat du Saint-Siège,
et les chefs de dicastères, cessent leurs fonctions. Seuls sont maintenus dans leur
charge : le Camerlingue, Tarcisio Bertone, le Grand Pénitencier, Manuel Monteiro de
Castro, le cardinal Vicaire général pour le diocèse de Rome, Agostino Vallini, le
cardinal Archiprêtre de la basilique Saint-Pierre et Vicaire général pour la Cité
du Vatican, Angelo Comastri, le Substitut de la Secrétairerie d’Etat, Giovanni Angelo
Becciu, le Secrétaire pour les relations avec les Etats, Dominique Mamberti, les représentants
pontificaux en mission. Le tribunal suprême de la Signature apostolique, et le tribunal
de la Rote romaine poursuivent aussi leurs activités.
Le rôle du Camerlingue
L’interim,
pourrait-on dire, est alors assuré par le camerlingue jusqu’à l’élection du nouveau
pape. C’est au Cardinal Bertone, qu’incombera cette tâche de gestion matérielle et
administrative du Vatican. Le Saint-Siège est administré par le cardinal camerlingue
certes, mais avec l'aide de trois cardinaux assistants (tirés au sort tous les trois
jours, chacun des cardinaux représente un des trois ordres cardinalices : ordre des
cardinaux-évêques, ordre des cardinaux-prêtres et ordre des cardinaux-diacres.) Ils
constituent la congrégation spéciale ou particulière qui veillera à obtenir pour les
questions les plus importantes, le vote du Collège des cardinaux.
Des cardinaux
qui, dès le début de la Sede vacante, vont converger vers Rome, convoqués par le doyen
du Sacré Collège, le Cardinal Angelo Sodano. Pendant les deux semaines (probablement
moins) précédant le Conclave qui élira le nouveau Pape, les cardinaux ( y compris
ceux qui sont âgés de plus de 80 ans et ne sont pas électeurs) se réunissent au Vatican
chaque jour en congrégation générale.
La gestion des affaires courantes
Pendant
le temps de la vacance, le gouvernement de l'Église revient en effet à l'assemblée
des cardinaux, réunie donc quotidiennement en Congrégation générale. Cependant, celle-ci
ne peut prendre aucune décision dont la validité excéderait la période de vacance
du Siège apostolique. Car, « les questions qui sont du ressort du Souverain Pontife,
durant sa vie ou dans l'exercice des fonctions de sa charge devront toutes être réservées
exclusivement au futur Pontife», nous dit le Code de droit canonique. Le pouvoir pontifical
ne peut en effet être suppléé.
Le pouvoir de gouvernement du Collège des
cardinaux, réuni en Congrégation générale, est limité aux questions courantes, urgentes,
comme les préparatifs des obsèques du Pape défunt , mais ce n’est aujourd’hui pas
le cas, et aux préparatifs de l'élection de son successeur. Elle nomme notamment deux
ecclésiastiques qui sont chargés de rédiger et de lire deux méditations, l’une lue
avant le début du conclave, à une date fixée par la congrégation, l’autre lue juste
avant le début du conclave, avant que les portes de la chapelle Sixtine ne se referment.
Autrement dit, le collège cardinalice prend la relève du pouvoir du pape sans
se substituer à son autorité. Il ne gère que les affaires courantes et prépare le
conclave.
Faire émerger le profil du Pape idéal
Mais l’intérêt
des réunions quotidiennes en Congrégation générale réside ailleurs. L’élection d’un
Pape étant dépourvue de candidatures officielles, ce système collectif et pragmatique,
destiné à favoriser les échanges d’idées sur la situation de l’Eglise et les défis
à venir, permet de faire émerger le profil du prochain pape, et d’envisager des noms.
Une sorte de conclave avant l’heure !
Que nous dit encore le document de référence
en la matière, la constitution Universi Dominici gregis (« Tout le troupeau du Seigneur
») signée par Jean-Paul II le 22 février 1996 et modifiée par un motu proprio de Benoît
XVI en 2007 ? Elle nous dit que le doyen du sacré collège, qui est chargé de présider
les congrégations générales préparatoires à l’élection du nouveau pape, préside le
Conclave. Le Cardinal doyen, Angelo Sodano, est né en 1927 : il a donc 86 ans et ne
sera pas électeur. Il aurait dû être remplacé par le vice doyen, le Cardinal Roger
Etchegaray, mais lui aussi a dépassé les 80 ans. Ce sera donc dans ce cas comme le
prévoit l’article 9 de la constitution, le plus âgé des cardinaux électeurs, sur base
aussi de l’ordre auquel il appartient, à savoir le Cardinal Giovanni Battista Re,
cardinal évêque.