L'Eglise sud-coréenne presse la nouvelle présidente
A l’approche de son investiture le 25 février, la présidente nouvellement élue Juliana
Park Geun-Hye est pressée par l’Eglise catholique et les syndicats de tenir ses engagements
de campagne sur les questions sociales. Mardi 19 février, le Comité 'Justice et Paix'
de la Conférence des évêques catholiques de Corée du Sud (CBCK) a publié un communiqué
lors d’une conférence de presse à Séoul avant de remettre un rapport à l’équipe de
transition présidentielle. Le P. Vincent Jang Dong-hun, secrétaire du comité, a rappelé
que Mme Park Geun-Hye avait fondé son principal argument de campagne électorale sur
son engagement à réaliser des réformes dans le domaine du travail, et en particulier
à régler le conflit social au sein de la firme Ssangyong.
Depuis 2009, année
où le constructeur automobile a licencié 2 600 salariés, la firme fait face à d'importants
troubles internes qui ne montrent aucun signe d’apaisement. Des manifestations massives
accompagnées de violents affrontements avec la police ont été suivies les mois suivants
par des séries de suicides (plus d’une vingtaine), qui aujourd’hui encore, se poursuivent
(les derniers cas se sont produits en décembre dernier).
Pour les évêques
sud-coréens, résoudre ce dossier est une priorité
Résoudre ce conflit doit
être la priorité absolue de Juliana Park Geun-Hye, ont affirmé les évêques, qui ont
ensuite énuméré les autres « tâches urgentes » auxquelles devrait s’atteler la nouvelle
présidente dans le domaine social : la recrudescence des suicides, les licenciements
abusifs, la discrimination au sein des entreprises et le harcèlement subi par les
militants et les syndicalistes.
« Après l’élection présidentielle du 19 décembre,
sept syndicalistes se sont suicidés, désespérés à l’idée que sous le mandat de Park
Geun-Hye leurs problèmes ne seraient toujours pas résolus », a déclaré lors de la
conférence de presse Mgr Matthias Ri Iong-hoon, évêque de Suwon et président du Comité
'Justice et Paix'. « Ils ont été poussés au désespoir par les capitalistes qui les
sacrifient sans état d’âme au nom du profit, mais aussi par un gouvernement irresponsable
et ignorant, sans compter le silence et le rejet de la société qui les entoure »,
a poursuivi l’évêque.
Une critique sévère du monde du travail qui rejoint les
déclarations qu'avait déjà faites la CBCK à la veille des élections de décembre. L’Eglise
catholique avait en effet fait part à ses fidèles de ses recommandations concernant
le vote, selon une tradition aujourd’hui bien établie. Parmi les principaux problèmes
de société évoqués figurait en toute première place « l’affaire de la firme Ssangyong
», dont les évêques avaient dit que « les travailleurs y avaient été traités, non
comme des êtres humains, mais comme de simples outils ».
L'Eglise sud-coréenne
est influente
Le document lu par le Comité 'Justice et Paix' à la conférence
de presse a été ensuite remis à l’équipe de transition présidentielle. « Nous ne manquerons
pas de prendre en compte l’opinion de l’Eglise catholique dans les mesures et les
lois que nous allons mettre en place », a assuré Chung Ik-hoon, membre du comité de
transition et directeur du Proposal Center for People's Happiness.
Ces remontrances
de l’Eglise, dont l'influence est forte en Corée du Sud (les chrétiens représentent
environ 30 % de la population, dont un tiers de catholiques), intervient alors que
la nouvelle présidente du pays voit son image de « dirigeante intègre » mise à mal
par des affaires de corruption touchant son entourage politique proche.
Parallèlement,
la Confédération des syndicats de Corée (Korean Confederation of Trade Unions, KCTU)
et d’autres associations syndicales comme le Korean Government Employees' Union (KGEU)
ou le Korean Metal Workers Union (KMWU), multiplient les grèves, sit-in et manifestations
de masse – soutenus ouvertement par l’Eglise – réclamant du nouveau gouvernement qu’il
respecte les engagements pris pendant la campagne électorale.(Eglises d'Asie)