L’Eglise universelle est entrée mercredi en Carême, par la traditionnelle messe des
Cendres. Une entrée en Carême qui prend une teinte particulière cette année, et qui
s’annonce d’ores et déjà mémorable, suite à l’annonce de la renonciation de Benoît
XVI à sa charge.
A Rome, la cérémonie, -d’ordinaire célébrée en l’église de
Ste Sabine sur l’Aventin-, s’est finalement déroulée en la basilique St Pierre, afin
de pouvoir accueillir les fidèles venus en nombre, -certains étaient déjà sur la place
St Pierre dès midi.
C’était en effet la dernière messe publique de Benoît XVI,
entouré de toute la curie. Ces circonstances exceptionnelles n’ont pourtant affecté
en rien le déroulement de la célébration, initiée par une procession pénitentielle
et marquée par le geste significatif de l’imposition des Cendres.
Le pape,
au cours de son homélie, a exhorté avec force les fidèles à ne pas rester sourd à
l’appel pressant de la conversion, à vivre dans une vraie communion ecclésiale, en
rejetant les individualismes, les rivalités, et les divisions qui meurtrissent le
visage de l’Eglise.
L’émotion était bien présente, tangible même ; surtout
à la fin de la messe, lorsque le Cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio bertone, prenant
la parole d’une voix tremblante, s’est adressé à Benoît XVI. « Nous ne serions pas
sincères, très Saint Père, si nous ne disions que votre départ laisse un voile de
tristesse sur notre cœur », a-t-il notamment déclaré, avant de remercier le pape «
d’avoir porté Dieu aux fidèles, et les fidèles à Dieu ».
Les fidèles se sont
alors levés, applaudissant longuement Benoît XVI, visiblement ému et fatigué, tandis
que les cardinaux et évêques enlevaient leurs mitres, en signe de respect pour le
pape : image exceptionnelle, émouvante, et hautement symbolique.
Benoît XVI,
fidèle à lui-même, a interrompu les acclamations, et de sa voix douce : « Grazie,
torniamo alla preghiera » : “merci, revenons la prière”.
Il a ensuite remonté
la nef centrale, sous les vivats et les applaudissements nourris des fidèles, leur
adressant un sourire paisible ; tandis que des milliers de mains, munis d’appareils
photo et de téléphones portables se levaient vers lui. Le moment, il n’est pas exagéré
de le dire, était historique. Les cœurs l’ont bien compris.