La Tunisie se dotera d'un gouvernement d'urgence nationale apolitique
La Tunisie est à nouveau dans la tourmente. De nombreuses manifestations contre les
islamistes au pouvoir ont eu lieu mercredi dans la capitale Tunis mais aussi dans
de nombreuses villes de province. Elles ont dégénéré en affrontements violents avec
les forces de l’ordre. Un policier a été tué à Tunis. Aucun autre bilan de ces affrontements
n'a été annoncé pour le moment. A l’origine de cette nouvelle vague de protestation
: l’assassinat de Chokri Belaïd, figure influente de l’opposition. Il a été tué par
balles devant son domicile.
Le pays redoute l’instabilité et craint un
nouveau cycle de violences
En signe de protestation après l'assassinat
de Belaïd, quatre formations de l'opposition laïque -le Front populaire, Al-Massar,
le Parti républicain et Nidaa Tounes ont appelé à une grève générale et suspendu leur
participation à l'Assemblée nationale constituante. Elle doit avoir lieu ce vendredi,
jour des funérailles. Avant même cet assassinat la Tunisie était déjà plongée dans
une profonde crise politique faute d’un compromis sur la future constitution qui bloque
l’organisation de nouvelles élections. Un remaniement ministériel est annoncé depuis
plusieurs mois mais la coalition au pouvoir qui allie Ennahda à deux partis laïques
ne parvient pas à déboucher sur un compromis.
Un gouvernement apolitique
pour sortir de la crise
Pour calmer les esprits, le Premier ministre,
l'islamiste Hamadi Jebali a annoncé qu'il formera un "gouvernement de compétences
nationales sans appartenance politique". M. Jebali n'a pas fixé de calendrier de refonte
du gouvernement et compte garder la tête de ce nouveau cabinet qui devra être confirmé
par l'Assemblée nationale constituante. Il n'a par ailleurs pas donné les noms des
futurs ministres. Ce meurtre, deux ans après la chute du président Ben Ali est en
tous les cas un coup dur porté à la transition démocratique. C’est l’analyse de Vincent
Geisser, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient de Beyrouth
(Photo Reuters
: Policiers tunisiens repoussant des manifestants tentant de prendre d'assaut le ministère
de l'intérieur à Tunis 06/02/13)