L'Eglise se penche à nouveau sur les cas d'abus sexuels
L’Eglise se penche à nouveau sur le drame des abus sexuels commis sur des mineurs
par des membres du clergé. L’université Grégorienne présente mardi 5 février les actes
du symposium qui s’est déroulé il y a un an à Rome. Pendant quatre jours, des délégués
de 110 conférences épiscopales des cinq continents s’étaient retrouvés pour parler,
débattre et s’informer sur ce dossier afin de trouver des solutions concrètes pour
éviter de nouveaux drames. Ce mardi, est également présenté le bilan d’activité du
centre pour la protection des mineurs et du programme d’enseignement par internet
mis au point par ce centre. C'est la principale innovation concrète du symposium d’il
y a un an. Les explications de Thomas Chabolle
En
soi, la réunion d’il y a un an, organisée à l’initiative de l’université Grégorienne,
était déjà une révolution : pour la première fois, le drame des abus sexuels sur mineurs
était affronté en face, sans tabou par des représentants de la plupart des conférences
épiscopales. Impossible après de dire que l’on ne savait pas. Au-delà des mots, une
structure a été mise en place pour aider le clergé à affronter ce problème, à gérer
les cas de pédophilie et à aider les victimes, trop souvent négligées. Car c’est bien
cela qui a changé : la place de la victime.
La place de la victime au centre
des préoccupations
Les scandales qui ont secoué diverses Eglises nationales,
comme celles d’Irlande ou des Etats-Unis ont montré à quel point les institutions
ecclésiales ont été peu à l’écoute des enfants ou des adultes qu’ils sont devenus.
La reconnaissance de la douleur de la victime, la reconnaissance du crime commis,
l’accompagnement, la prise en considération sont autant d’éléments qui ont été mis
en avant il y a un an. Certes, certaines conférences épiscopales ont reconnu leur
impréparation, le manque de formation de leurs prêtres et de leurs personnels, certaines
semblaient même ignorer ce phénomène, ou le sous-évaluer. Mais le centre pour la protection
des mineurs créé l’année dernière a au moins le mérite d’exister et de contribuer
à changer les mentalités au sein de l’Eglise.
Un an après le symposium
Lors
de la présentation des actes du symposium ce mardi, le nouveau promoteur de justice
du Vatican, le révérend père Robert W. Oliver, originaire du diocèse de Boston, a
affirmé vouloir placer sa mission, à l’instar de son prédécesseur Mgr Scicluna, sous
le signe de la transparence absolue, « sur la ligne tracée par Benoît XVI ». Il s’agit
avant tout de reconnaître pleinement les souffrances des victimes, de les écouter,
de les accompagner sur le chemin de la guérison et de la réconciliation. La lutte
contre le fléau des abus sexuels au sein de l’Eglise doit se fonder sur quatre points
principaux, quatre lignes-directrices, au regard de l’expérience des diverses conférences
épiscopales : l’assistance aux victimes, la protection des mineurs, la formation des
prêtres, et la collaboration avec les autorités civiles.
Le symposium avait
permis la création du Centre de protection de l’enfance, ainsi que la mise en place
d’un programme d’e-learning à destination des prêtres, religieux, animateurs pastoraux
et catéchistes. L’initiative a reçu le soutien de plusieurs dicastères de la Curie
romaine. Le projet reste pour le moment expérimental, et n’est proposé qu’à quelques
pays, notamment à ceux, peu fournis en structures efficaces dans la lutte contre les
crimes sexuels. Les résultats sont encourageants, mais appellent à un déploiement
d’efforts constants, et sur le long terme. A un an de distance du symposium, le message
est clair : la prise de conscience est bien réelle, et l’Eglise poursuit sans relâche
son engagement en faveur de la vérité. « Ce projet est en bonne voie, a affirmé le
père Oliver, et il nous rappelle notre vocation première : être au service de toute
personne humaine ».