Dans la province de Jézirah, en haute Mésopotamie syrienne, l’augmentation exponentielle
du nombre des enlèvements – effet collatéral du conflit syrien – continue à affecter
gravement les populations civiles y compris au sein de zones non intéressées par les
affrontements entre les rebelles et l’armée régulière. Le dernier enlèvement en date
a été celui d’un pharmacien chrétien enlevé Dimanche et pour lequel a été demandé
une rançon d’un million de lires syriennes (près de 11.000 €uros). « Pour les bandits
de toute sorte – indique Mgr Jacques Behnan Hindo, titulaire de l’Archiéparchie syro-catholique
d’Hassaké-Nisibi – il s’agit d’un bon moment pour faire de l’argent ». Les explications
de Thomas Chabolle
Les
chrétiens protestent contre les enlèvements
Vendredi dernier, des dizaines
de chrétiens ont improvisé un barrage en brûlant des pneus à un carrefour de la ville
d’Hassaké afin de protester contre l’enlèvement « éclair » du Recteur de l’Université
publique Al-Furat, le chrétien Jack Mardini, enlevé en plein jour par des hommes armés
et libéré deux heures plus tard. Dans son cas, derrière l’enlèvement, ne se trouvait
pas une tentative d’extorsion mais des questions liées au fonctionnement de l’Université.
On se trouve donc devant un recours aux enlèvements visant à résoudre, par des abus,
des conflits d’intérêts personnels et sociaux.
La communauté chrétienne
n'est pas une cible privilégiée
Au cours de ces dernières semaines, dans
la seule ville d’Hassaké, ont été enregistrés une cinquantaine d’enlèvements, dont
près de la moitié ont concerné des chrétiens. « Nombre des personnes enlevées sont
des médecins, des avocats et des membres des professions libérales – remarque Mgr
Hindo – mais désormais, les enlèvements commencent à concerner également les pauvres
». L’Archevêque dément cependant le fait que les enlèvements aient pour cible privilégiée
les chrétiens. « Au cours de ces derniers jours – raconte Mgr Hindo – certains otages
musulmans ont cherché à rappeler les ravisseurs au sens de la pitié, racontant leur
pèlerinage à la Mecque. Les bandits ont commencé, pour toute réponse, à maudire le
nom d’Allah et du prophète Mahomet, déclarant que leur seul intérêt est l’argent ».
AED lance une aide aux réfugiés
La fondation Aide à l'Eglise
en Détresse va consacrer 155 000 euros pour les réfugiés syriens vivant maintenant
au Liban et en Jordanie. Ces populations doivent affronter les frimas de l’hiver qui
aggravent leurs conditions de vie. Selon le père Halemba, responsable international
d’AED pour le Proche-Orient, l’Eglise est devenue l’unique point de référence pour
les réfugiés chrétiens. C’est pourquoi distribuer l’aide à travers les diocèses et
la Caritas est essentielle souligne-t-il. (Fides)
(Photo : des soldats syriens
dans la province d'Alep à Tel-El Zararir)