Dossier : la lente amélioration de la situation des chrétiens d’Irak
L’Irak s’enlise dans une crise interminable. Ces dernières semaines ont été marquées
par des vagues de violences anti-chiites, notamment à Bagdad et dans le nord du pays.
Ces
attaques interviennent dans un contexte général de tensions intercommunautaires, la
minorité sunnite accusant le gouvernement, dominé par les chiites et le Premier ministre
Nouri al-Maliki, de les écarter de l’exercice du pouvoir. Aux racines de cette crise
: un système politique sclérosé et officieusement interconfessionnel, clairement préjudiciable
aux institutions. « On a l’impression d’avoir des gouvernements ou des partis politiques
qui agissent au nom de leurs communautés religieuses ou ethniques, » confirme Mgr
Basilios George Casmoussa, ancien archevêque syro-catholique de Mossoul.
Amélioration
pour les chrétiens
La situation des chrétiens semble quant à elle s’améliorer.
« Il y a moins de meurtres, moins d’assassinats, moins de poursuites, confirme Mgr
Casmoussa, mais l’émigration reste encore un fait très difficile pour les chrétiens
d’Irak et la confiance n’a pas encore été totalement retrouvée. Et cela est très important
pour la pérennité de l’existence et du témoignage des chrétiens ».
Mais «
il n’y a aucune amélioration sur le plan des lois » tempère-t-il aussitôt. « Les chrétiens
ont besoin que certaines lois discriminatoires soient améliorées pour instaurer l’égalité
entre citoyens. Ce n’est pas parce que l’on est chrétien que l’on doit avoir moins
de droits que les autres. »
Dialogue intercommunautaire
Pour
parvenir à une pleine égalité entre chrétiens et le reste de la population, « il faut
se faire respecter » affirme Mgr Casmoussa. « Quand les minorités ne sont pas respectées
en tant que citoyens on n’aura jamais les mêmes droits », explique-t-il. Or « il y
a une certaine vue hautaine de la part de la majorité musulmane envers les minorités
et particulièrement envers les chrétiens » regrette l’ancien archevêque de Mossoul.
C’est pourquoi « il faut une véritable révolution des mentalités chez nos confrères
musulmans » suggère-t-il avant de préciser : « nous ne voulons pas couper les ponts
avec les musulmans ». Mgr Casmoussa place de grands espoirs chez les musulmans,
nombreux selon lui, qui restent silencieux et qui ont quelque chose à dire sur le
futur de l’Irak. « Ayons le courage de dire ce que nous pensons » lance l’archevêque,
invitant ces modérés musulmans à prendre la parole. « Vous avez des chaines de télévision
qui sont pleines de programmes d’endoctrinements islamistes et fondamentalistes »
dénonce-t-il avant d’exhorter chaque Irakien et chaque communauté à faire une lecture
de leurs textes religieux qui soit davantage raisonnée.
Mgr Basilios George
Casmoussa, ancien archevêque syro-catholique de Mossoul au micro de Manuella Affejee