L'ancien primat de Pologne, le cardinal Jozef Glemp, décédé mercredi à l'âge de 83
ans d'un cancer du poumon, a été inhumé lundi à la cathédrale Saint-Jean de Varsovie
lors d'une cérémonie religieuse réunissant plus d'une centaine de cardinaux et évêques. Le
président polonais Bronislaw Komorowski, ainsi que l'ancien président et chef historique
du mouvement anticommuniste Solidarité Lech Walesa, ont assisté à la grand messe concélébrée
par Mgr Stanislaw Dziwisz, archevêque de Cracovie et ancien secrétaire particulier
du pape Jean Paul II. Dans un message adressé à l'archevêque de Varsovie Kazimierz
Nycz, Benoît XVI a salué avec une chaleur particulière la mémoire du cardinal Glemp,
"apôtre de la concorde contre l'affrontement". Le Cardinal Glemp, un apôtre
de l'unité contre la division
Primat de Pologne pendant dix-huit ans, Mgr
Glemp avait conduit l'Eglise à travers deux grandes époques historiques de son pays,
celles de l'état de siège et de la démocratie retrouvée. Benoît XVI a écrit avoir
vu en lui un "apôtre de l'unité contre la division, de la concorde face à l'affrontement,
de la coopération dans la construction d'un avenir heureux sur la base des belles
et douloureuses traditions de l'Eglise et du peuple polonais". Quand la loi martiale
était décrétée en 1981 par le général communiste Wojciech Jaruzelski pour écraser
le syndicat Solidarité, Mgr Glemp avait supplié la population: "Je vous demande, même
si je dois le faire pieds nus et à genoux: ne commencez pas à vous entretuer". Cette
attitude conciliatrice lui avait valu parmi les militants de Solidarité à l'époque
un surnom ironique de "camarade Glemp", à la manière soviétique.
Le cardinal-primat
a par la suite été médiateur entre les communistes au pouvoir et Solidarité en 1989,
pour négocier la démocratisation du pays. Dans la nouvelle Pologne, Mgr Glemp a
renforcé la position de l'Eglise, avec notamment l'introduction du catéchisme à l'école,
la légalité du mariage religieux et l'interdiction de l'avortement. A l'image de Jean
Paul II, il a eu des gestes envers les juifs. En 2000, il a regretté "la tolérance
pour les manifestations d'antisémitisme" et le manque de respect de certains prêtres
polonais envers d'autres religions. (Afp)