2013-01-23 19:48:03

L'ambassadrice du Pakistan aux Etats-Unis visée par la loi sur le blasphème


La loi sur le blasphème continue de faire son lot de victimes au Pakistan. L’affaire Rimsha avait suscité l’émoi dans le monde entier, il en est une autre qui risque de prendre le même chemin. L’ambassadrice du Pakistan aux Etats-Unis, Sherry Rehman, sera jugée prochainement pour blasphème sur décision de la Cour suprême.

Fahim Akhtar Gull, un commerçant de Multan, a porté plainte en février 2011 contre la diplomate. Il l’accusait d’avoir commis un blasphème lors d’une émission télévisée sur la chaîne pakistanaise « Dunya TV ». Au cours de ce débat, Sherry Rehman a pris la défense d’Asia Bibi, la chrétienne accusée de blasphème. Elle a ensuite détaillé sa proposition visant à réviser la loi sur le blasphème pour prévenir toutes utilisations abusives. Régi par l’article 295c du Code pénal pakistanais, il punit de mort ou d’une peine de réclusion à perpétuité l’outrage au prophète Mahomet.

Pas d'immunité pour Sherry Rehman

Son poste d’ambassadrice ne lui aura pas permis une quelconque immunité. Sherry Rehman est l’une des personnalités les plus ciblées par les islamistes, depuis que, député, elle avait déposé une proposition de loi révisant les lois sur le blasphème, proposition faite en accord avec le parti au pouvoir, mais que le même parti lui avait fait promptement retirer après les assassinats de Salman Taseer et Shahbaz Bhatti.

Avant d’occuper des fonctions diplomatiques, Sherry Rehman présidait le « Jinnah Institute » de Karachi, un institut de recherche formé d’intellectuels musulmans libéraux, promoteurs des droits humains et de la légalité. Dans un rapport publié il y a un an, l’Institut a souligné une irrégularité de procédure dans le jugement d’Asia Bibi.

Le Vatican a toujours condamné la loi sur le blasphème

Le Vatican s’est toujours opposé à cette loi. Mgr Silvano Tomasi, l’observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, a de nombreuses fois condamné l’utilisation de la loi sur le blasphème comme « instrument de vengeance personnelle ou pour "libérer" - comme certains disent - les villages des chrétiens ». Mgr Tomasi avait précisé en août dernier que la législation sur le blasphème est « trop vague et se transforme donc en instrument pour violer les droits des minorités religieuses».

(Photo : Des chrétiens pakistanais de Korian s'insurgent contre la loi sur le blasphème en août dernier)







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