Pour les évêques français, la manifestation pour tous n'est qu'un début
L’épiscopat français réagit suite au succès de la manifestation parisienne du 13 janvier
2013 contre le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe.
Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France a publié mercredi 16 janvier
2013 un communiqué.
Le rappel d’un engagement ancien et de craintes profondes
Depuis
de longs mois, peut-on lire dans le communiqué, nous avons alerté le gouvernement
et l'opinion publique sur le risque de clivage profond que représentait, au sein de
la société française, ce projet de loi. Ce clivage est d'autant plus malvenu que notre
pays connaît une période de fortes difficultés économiques et sociales qui devrait,
au contraire, amener les responsables politiques à rassembler le pays.
Une
demande de prise en considération des inquiétudes de nombreux français
L'ampleur
exceptionnelle de la manifestation du dimanche 13 janvier montre, s'il en était besoin,
que cette alerte était fondée. Une majorité politique ne peut, préviennent les évêques,
sans dommage pour le bon fonctionnement démocratique, ignorer les réactions que suscite
chez tant de nos compatriotes le projet d'une telle « réforme de civilisation ». La
mission du politique est d'offrir le cadre d'une authentique réflexion sociale sur
ces questions majeures que sont la transmission de la vie et la nature des liens humains.
Une
invitation à poursuivre le débat
Les prélats français invitent donc les
pouvoirs publics à ne pas négliger la demande de débat lancée par cette forte mobilisation
populaire. Ils souhaitent qu'à l'occasion du débat parlementaire, les élus et les
politiques proposent des solutions et des formulations qui soient respectueuses du
caractère hétérosexuel du mariage, de la filiation et des personnes homosexuelles.
Parmi les signataires du communiqué, Monseigneur Hippolyte Simon, archevêque de Clermont,
vice-président de la CEF. Il revient sur les raisons qui ont poussé les évêques à
publier maintenant leur communiqué.
La commission
des lois a adopté dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 janvier le projet de loi
gouvernemental « ouvrant le mariage au couple de personnes de même sexe ».
En
fin de soirée, le rapporteur du texte, Erwann Binet, avait fait adopter un amendement
introduisant deux articles-balai évitant de supprimer les termes « père » et « mère
» du code civil, faisant ainsi tomber une grande partie des amendements de l’opposition.
Une
méthode « cavalière », a regretté le député UMP Hervé Mariton qui a dénoncé une stratégie
« visant à gommer la principale aspérité du texte ». Ce dernier prévoyait en effet
de supprimer « à près de 150 reprises » les termes de « père » et « mère « du code
civil. « Il s’agit d’une manœuvre pour donner l’impression que c’est une simple opération
technique et non pas un changement de civilisation », a protesté de son côté un autre
député de l’opposition, Philippe Gosselin (UMP).
Une mesure inspirée du
code civil espagnol
Le rapporteur a toutefois précisé que cette disposition,
qui s’inspire du code civil espagnol, a selon lui comme « seule motivation la rigueur
juridique ». Lors des auditions menées par la commission, des juristes avaient en
effet mis en évidence la confusion et les imbroglios juridiques qui pouvaient naître
du remplacement des termes « père » et « mère » par « parents », et de celui de «
parents » par « membres de la famille ».
« Cela permettra de faire comprendre
à la population qu’il n’était pas question de tout changer et que les couples hétérosexuels
auront toujours les mêmes droits », a toutefois souligné Marie-Françoise Clergeau
(PS), rapporteure pour avis de la commission des affaires sociales.
Des
échanges tendus
La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a accusé les députés
de l’opposition de mentir aux Français. « Cela fait des semaines que vous vouliez
faire croire que les mots père et mère allaient disparaître du code civil. Or, ils
étaient maintenus dans le titre VII concernant la filiation et n’étaient remplacés
que dans le titre VIII concernant la filiation adoptive » a-t-elle précisé.
«
Tout cela montre en tout cas qu’il y avait de la part du gouvernement une forme d’impréparation
et de mépris », a regretté Philippe Gosselin. Auparavant, les députés avaient adopté
sans grande modification les articles 1 à 3 qui ouvrent le mariage et l’adoption aux
couples homosexuels.