Le conflit malien dégénère en crise internationale
L'assaut lancé par l'armée algérienne sur un site gazier algérien où des centaines
de personnes avaient été prises en otages mercredi par un commando islamiste se poursuit,
a annoncé jeudi soir à la télévision le ministre algérien de la Communication Mohamed
Said. Des hélicoptères de l'armée algérienne ont ouvert le feu sur le complexe gazier
d’In Amenas exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l’algérien
Sonatrach (environ 1.300 kilomètres au sud-est d'Alger), près de la frontière libyenne.
Selon l’agence mauritanienne ANI, 35 otages et 15 ravisseurs seraient morts dans l’opération.
Les preneurs d’otages tentaient de quitter le complexe avec des otages. L’Algérie
avait depuis le début prévenu qu’elle ne négocierait pas avec le groupe islamiste
armé.
Le conflit malien se transforme en crise internationale
En
quelques heures le conflit malien s’est transformé en véritable crise internationale.
Depuis mercredi un groupe lié à Al-Qaïda retient en otage une quarantaine d'Occidentaux,
exigeant la fin de l'intervention française au Mali. François Hollande a confirmé
que des ressortissants français se trouvaient sur le site. Le président français a
toutefois souhaité en dire le moins possible afin de ne pas engager la sécurité des
otages. Suite à cette prise d'otages, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton
a demandé aux ambassades et aux entreprises américaines au Maghreb et en Afrique du
Nord de revoir leurs dispositifs de sécurité.
Jeudi matin, une chaîne de télévision
algérienne affirmait que quinze étrangers dont un couple de Français seraient parvenus
à s’enfuir. Une information qu’aucune autorité française ou algérienne n’est pour
l’instant en mesure de confirmer. La préfecture d’Illizi en Algérie certifie en revanche
que trente travailleurs algériens ont réussi à quitter le site gazier d’In Amenas
exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach
(environ 1.300 kilomètres au sud-est d'Alger), près de la frontière libyenne.
Aqmi
derrière la prise d'otages
Les ravisseurs se présentent comme les "Signataires
par le sang", le nom de la katiba (unité combattante) de l’algérien Mokhtar Belmokhtar,
surnommé "le Borgne", ou encore "Mister Marlboro" pour ses supposés trafics de cigarettes,
récemment destitué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Des Américains, un Irlandais
et un Norvégien sont également pris en otage, d'après le département d'Etat, Dublin
et la presse norvégienne. Selon un otage français joint par la chaîne France 24, des
Malaisiens et des Philippins figurent également parmi les otages.
Selon de
nombreux experts, il est peu probable que cet assaut au complexe gazier ait été organisé
en seulement quelques jours par le groupe islamiste. L’attaque massive aurait été
préparée de longue date. Les preneurs d’otages ont dit venir du Mali, mais les autorités
algériennes ont jugé peu probable une telle déclaration.
L'Union européenne
va envoyer une mission militaire afin de réorganiser l'armée malienne
L’Union
européenne pense déjà à l’avenir. Les ministres européens des Affaires étrangères
ont approuvé une mission de l'UE destinée à former et à réorganiser l'armée malienne.
Elle vise à déployer quelque 450 Européens, dont 200 instructeurs, à partir de la
mi-février au Mali.
Au Mali l’opération Serval se poursuit. Après avoir massivement
et pendant presque une semaine fait usage de sa force de frappe aérienne, l’armée
française est donc passée à une nouvelle étape. Pour la première fois, une mission
a été engagée au sol hier. Une quinzaine de blindés avec 100 soldats à bord, a quitté
Bamako pour sécuriser le fleuve Niger et empêcher une avancée des rebelles.
Ce
sont maintenant 1.400 militaires français qui sont déployés au Mali. Quant à la force
composée par les pays d’Afrique de l’ouest elle se met en place. 900 Nigérians sont
attendus aujourd’hui à Bamako et les premiers soldats tchadiens viennent de quitté
N'Djamena pour le Mali.
Pour Adlène Meddi, corédacteur d’El Watan Week-end,
un quotidien algérien francophone le groupe preneur d'otages cherche à se démarquer
des autres groupes terroristes pour se faire une place de premier plan au Maghreb