Le calvaire judiciaire de Rimsha Masih, la jeune chrétienne handicapée mentale accusée
de blasphème, arrêtée puis acquittée par la Haute Cour d’Islamabad semble sans fin.
La procédure concernant son cas n’est pas encore achevée, les avocats de la contrepartie
ayant, comme ils l’avaient annoncé, présenté un recours devant la Cour Suprême d’Islamabad,
troisième et dernier degré de juridiction, devant laquelle la première audience relative
au cas se tient ce 15 janvier.
Ainsi que l’indique à l’Agence Fides l’ONG
d’inspiration chrétienne LEAD (Legal Evangelical Association Development), dans la
famille de Rimsha, encore cachée en lieu sûr, et parmi la communauté chrétienne, «
un sentiment de peur a refait surface ». Entre temps, suite au manque de sécurité,
des dizaines de familles chrétiennes très pauvres du quartier de Mehrabadi, à Islamabad,
où vivait la famille de Rimsha, n’ont pas encore regagné leurs domiciles. Les familles
en question avaient été contraintes à l’exode suite aux menaces des extrémistes liées
au cas de Rimsha.
Le recours motivé par des motifs probablement politiques
Après
la mobilisation internationale et le fait que le tribunal ait vérifié le caractère
prétextueux des accusations portées contre Rimsha, le cas de la jeune chrétienne semblait
exemplaire pour démontrer à l’opinion publique les abus de la loi sur le blasphème
et avait vu, dans ce cadre, la contribution de nombreux responsables et intellectuels
musulmans. Selon des sources de Fides, le recours devant la Cour Suprême pourrait
avoir été présenté pour des motifs purement politiques, sous la pression de groupes
fondamentalistes alors que s’approchent les élections législatives, prévues pour mars
prochain.
Le Père Mario Rodrigues, Directeur des Œuvres pontificales missionnaires
au Pakistan, explique à l’Agence Fides : « D’un côté, se trouve l’instrumentalisation
politique du cas de Rimsha, de l’autre, un certain nombre de mullahs qui insistent.
Et il existe par ailleurs un droit à interjeter appel. Nous faisons confiance à la
justice du Pakistan et je suis sûr que la Cour Suprême confirmera elle aussi l’acquittement
de Rimsha ». Le Père Rodrigues remarque que « les abus de la loi sur le blasphème,
comme celui intervenu dans le cas de Rimsha, continuent à se perpétrer alors que le
pays est traversé par une spirale de violence préoccupante ».