C'est une journée historique pour les Cubains. Pour la première fois depuis 50 ans,
les habitants de l'île ont désormais le droit de voyager à l'étranger munis d’un simple
passeport. La réforme sur la loi migratoire, mise en place par Raul Castro, et très
attendue par la population, est entré en vigueur lundi 14 janvier. Annoncée le 16
octobre dernier par le président cubain, elle constitue la première grande mesure
sociale du régime communiste et s’inscrit dans le cadre de la réforme de la législation
migratoire.
Fini la « carte blanche », le permis de sortie et la lettre d’invitation
du pays hôte, imposés par le régime communiste dans les années 1960 : la population
cubaine est aujourd’hui autorisée à sortir du pays avec en main un passeport et pour
une durée passant de 11 à 24 mois. Simplification des formalités mais aussi réduction
de leur coût : jusqu'à présent, passeport, permis de sortie, certifications de
documents, et visa du pays de destination pouvaient coûter jusqu'à 500 dollars. Aujourd'hui,
l’obtention du passeport s’élève à 100 dollars, une somme qui reste cependant très
élevée pour grand nombre de Cubains dont le salaire mensuel moyen est de 20 dollars.
Restriction à l’application de la loi
Si cette réforme a été
saluée par de nombreux Cubains, certains craignent que son application ne soit limitée.
Tous les Cubains ne pourront pas se déplacer librement. Les sportifs de haut niveau,
certains dirigeants et professionnels « essentiels » notamment, continueront à
faire l'objet de restrictions de sortie. Le gouvernement a justifié ces restrictions
en affirmant que les États-Unis favorisent depuis des décennies la « fuite de cerveaux »
et les défections de vedettes du sport. Pour leur part, les dissidents, accusés par
le gouvernement d'être des « mercenaires » à la solde des États-Unis, redoutent
de devoir continuer à affronter des restrictions pour se rendre à l'étranger, la nouvelle
loi stipulant que la sortie du pays peut être interdite pour des raisons de « sécurité
nationale ».
Cette réforme n’en reste pas moins un pas en avant vers plus
de liberté. Lors de son voyage à Cuba en mars 2012, le Pape avait souligné la nécessité
de changements à Cuba demandant aux autorités d'accorder à la population le plein
exercice des « libertés fondamentales ».
(Photo : une Cubaine présente son
nouveau passeport)